L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche relance les interrogations sur la politique extérieure américaine et son caractère délibérément offensif. Les États-Unis pays en état de sécession, de crise sociale et morale profonde pourrait en effet trouver dans la guerre et un ennemi extérieur le moyen de consolider l’intérieur, vieille recette de la politique mais qui dans un état de décadence peut aussi être rédhibitoire et marquer l’effondrement définitif. Qui sera donc l’ennemi ? Joe Biden déteste depuis des lustres la Russie mais il a en face de lui Poutine qui ne s’en laissera pas compter. Alors la Chine ? Les dernières concessions faites (réautorisation de tik-tak et autres) indiqueraient en effet que Biden ne regarderait plus de ce côté contrairement à son prédécesseur ayant trop peur des ripostes économiques (sur les bons du trésor américains que la Chine détiendrai) mais aussi militaires (en Mer de Chine ou sur Taïwan en particulier). De toute façon, la Chine est militairement prête et elle ne manque pas de patriotisme, de bras armés, humains comme matériels (la construction de ses sous-marins serait si soutenue que l’Occident n’arriverait pas à suivre !). Alors faute de s’attaquer au nouveau monstre, on s’en prendrait au vieil ours russe.
Si le mondialisme doit être reconnu comme une chose, c’est son unité de but, qui permet de prévoir relativement facilement ses mouvements.
La Russie devrait donc périr car elle est un mauvais exemple constant pour toutes les nations européennes. Elle affirme son indépendance et sa souveraineté sans atermoiement, elle défend les anciennes valeurs, la famille traditionnelle y est par exemple toujours considérée comme le fondement de la société, les ancêtres toujours honorés et vénérés, les jeunes protégés du nihilisme spirituel et là les imbécilités académiques féministes, genrées ou animalistes écartées. Il importe donc à la Secte comme l’appelait ici peu Blairon que la Russie, dernière grande nation chrétienne, soit dégradée et pour cela divisée territorialement pour que l’hégémonie anglo-saxonne dans le monde ne soit plus jamais en danger.
D’où la russophobie enragée de tous les médias occidentaux à l’œuvre actuellement face à l’affaire de l’agent pro-occidental Navalny.
La campagne d’agitation contre Vladimir Poutine a commencé, notons le bien sur notre calendrier, dès que Biden est arrivé à la Maison Blanche et comment pourrait-il en être autrement ? Peu de temps après la prise du pouvoir à Washington, l’agent Navalnii, retourne comme par hasard en Russie, où il est arrêté pour diverses causes en suspens dont le grand canular du « château » de Poutine.
Les manifestations anti-poutine tant acclamées par la presse hystérique occidentale étaient bien plus modestes que ce qu’on nous faisait entendre nous disent, mais, n’oublions pas avant toute chose que ce que racontent les médias occidentaux n’est pas destiné au public russe, mais à nous.
Une série d’attaques contre la Russie a été déclenchée et elles préparent nos esprits. Le « palais » de Poutine est en fait le signal de départ d’une énorme campagne médiatique qui devrait s’intensifier dans le premier semestre 2021 et toucher la Biélorussie, l’Ukraine, le Caucase, la Syrie, la Libye. L’État profond américain doit récupérer son investissement sur Biden, sa fraude électorale.
Donc, dès le premier jour, la nouvelle administration Biden a clairement fait savoir qu’elle adopterait une politique hostile et agressive contre la Fédération de Russie.
Les choix du cabinet de Joe Biden sont ainsi très révélateurs. Ses principaux choix en matière de politique étrangère – Tony Blinken au poste de secrétaire d’État et Victoria Nuland au poste de sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques ; Bill Burns à la tête de la CIA ; Jake Sullivan au poste de conseiller à la Sécurité nationale ; Avril Haines au poste de directeur du Renseignement national – sont tous issus de l’administration Obama-Biden et ont donc tous travaillé en étroite collaboration. Or, tous sont de la vieille école géostratégique américaine et considèrent la Russie, et non la Chine, comme la principale menace à la sécurité de l’hégémonie mondiale des États-Unis.
Tony Blinken nouveau secrétaire d’Etat américain
En tant que candidat, Joe Biden l’a souvent affirmé. Ses choix clés en matière de politique étrangère se déplaceront des menaces chinoises vers celles de la Russie de Poutine. Le chef de la CIA de Joe Biden, Bill Burns, est un ancien ambassadeur à Moscou et a été secrétaire d’État adjoint lors du coup d’État de la CIA d’Obama en Ukraine en 2014. Notamment, lorsque Burns a quitté l’État en novembre 2014, il a été remplacé par Tony Blinken, aujourd’hui secrétaire d’État. Blinken aurait formulé la réponse du Département d’État américain à l’annexion de la Crimée par la Russie..
Cependant, pour déterminer ce que la nouvelle administration Biden et les agences de renseignement américaines ont en réserve à l’égard de Poutine et de la Russie, la meilleure indication est le rôle prépondérant accordé à Victoria Nuland, la personne qui, avec le vice-président Joe Biden, avait dirigé le côté politique du coup d’État américain en Ukraine en 2013-14.
Victoria Nuland Sous-Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères
Souvenez-vous c’est elle qui avait été mise sur écoute lors d’un appel téléphonique à l’ambassadeur des États-Unis à Kiev pendant les manifestations de la place Maidan en 2013-14, pour parler des choix de l’UE pour un nouveau régime en Ukraine, en disant « F**k the EU ». Son mari, Robert Kagan, est un très célèbre néo-conservateur de Washington, sioniste et anti-russe.
En quittant le gouvernement lors de l’élection de Trump en 2016, Nuland, experte de la Russie, qui parle couramment le russe est devenu conseiller principal au sein du groupe Albright Stonebridge, dirigé par l’ancienne secrétaire d’État de Clinton, Madeleine Albright, qui est également présidente du National Endowment for Democracy (NED), affilié au National Democratic Institute.
Dans un article important et récent (août 2020) du journal Foreign Affairs du New York Council on Foreign Relations (CFR), Nuland a décrit ce que sera très probablement la stratégie américaine contre la Russie dans les mois à venir. Elle se plaint que « la résignation s’est installée sur l’état des relations américano-russes, et les Américains ont perdu confiance dans leur propre capacité à changer la donne ». En d’autres termes, elle veut « changer la donne » avec Poutine. Elle poursuit en disant que les sanctions économiques américaines répétées contre certaines banques et entreprises russes ainsi que contre les partisans de Poutine n’ont pas fait grand-chose pour changer la politique russe, affirmant que « les sanctions américaines et alliées, bien que douloureuses au départ, ont pris l’eau ou sont devenues impuissantes à force d’être trop utilisées et n’impressionnent plus le Kremlin ». Et alors, elle se lance et suggère que la Russie de Poutine est aujourd’hui à l’intérieur plus vulnérable que jamais économiquement et socialement et qu’il faut donc en profiter et passer le plus vite possible à l’action.
Dans son article, Nuland préconise alors tout naturellement une déstabilisation de la jeunesse russe via les réseaux sociaux (Facebook, YouTube et autres plateformes numériques).
La décision claire de l’équipe Biden de nommer un ancien ambassadeur de Moscou à la tête de la CIA et Victoria Nuland au poste de numéro 3 du Département d’État, ainsi que ses autres choix en matière de renseignement, indiquent que la déstabilisation de la Russie sera l’un des principaux objectifs de Washington.
C’est donc l’existence même de la Russie sous Poutine en tant que nation souveraine indépendante qui tente de défendre son identité nationale, que ce soit dans le cadre de la défense militaire ou de la défense d’une culture russe traditionnellement conservatrice, qui risque d’être menacée.
La politique de l’OTAN et celle des intérêts financiers mondialiste consiste à envisager la division de la Russie (son séparatisme en plusieurs parties), à démanteler l’État mais aussi à piller au passage ce qui reste de ses énormes ressources en matières premières.
Notre seul optimisme est de savoir que le retrait de Poutine du pouvoir est écarté pour longtemps et que seul l’âge retirera le président russe du gouvernement et de la politique, comme cela s’est produit avec les plus grands hommes de l’Histoire Franco, Salazar, De Gaulle, Atatürk et quelques autres … qu’on vous laisse deviner !
En tout cas, on aura ainsi compris que la Grande Réinitialisation mondialiste n’a pas de place pour les États nations indépendants comme la Russie et que c’est le message que la nouvelle équipe Biden est en train de transmettre indirectement à ses alliés européens mais justement ces derniers en mesurent-ils vraiment les conséquences à plus ou moins court terme ?
Savent–ils d’ailleurs qu’on n’exclue plus dans certains états-majors, un conflit de haute-intensité sur le sol européen lui-même ?
Il est clair que l’administration Biden relance la politique anti-russe de l’Etat profond américain et que le clan des néo-conservateurs se retrouve de nouveau aux postes clefs de la diplomatie comme de la défense américaine.
De même, il est indéniable que durant quatre ans, quelle que soit ce que l’on pense du populisme du président Donald Trump, ce dernier a toujours tenté d’apaiser les tensions américano-russes malgré la constante hostilité, durant son mandat, de l’État profond états-unien, qui a poursuivi la politique de sanction à l’égard de l’ours euro-asiatique. À peine installé à la Maison Blanche, Joe Biden a donc d’ores et déjà relancé la politique anti-russe débridée des États-Unis qui était menée par l’Administration Obama.
À l’occasion de la prolongation du traité de désarmement américano-russe New Start, le gouvernement états-unien a annoncé la couleur : le mandat de Biden sera en partie consacré à la géopolitique anti-russe. Ainsi, le chef de la diplomatie, Antony Blinken, a déclaré, dans le communiqué annonçant l’extension de l’accord (jusqu’au 5 février 2026) : « En même temps que nous travaillons avec la Russie pour promouvoir les intérêts américains, nous allons aussi travailler pour faire rendre des comptes à la Russie pour ses actes antagonistes et ses violations des droits humains, en étroite coordination avec nos alliés et partenaires. »
Nous ne reviendrons pas ici sur la nouvelle propagande anti-russe avec l’affaire Alexeï Navalny, largement traité ailleurs, l’agent des Anglo-Américains se présentant comme opposant à Vladimir Poutine et prétendant avoir été empoisonné par les services secrets russes mais nous reviendrons sur des faits parfois passés inaperçus mais réellement inquiétants en tant que préparatifs de guerre.
La remilitarisation sans précédent de la Suède et le danger arctique
Prenons par exemple, l’augmentation de 40 % du budget de la Défense suédois qui par ailleurs porte, chiffre non négligeable ses forces armées de 50 000 à 80 000 hommes. Certes l’antagonisme anti-russe de la Suède est historique mais un budget défense porté pour un petit pays de 10 millions d’habitants à 8 milliards d’euros et qui envisage de rentrer dans l’Otan n’a rien d’anodin si ce n’est de vouloir se préparer matériellement à une confrontation armée avec le « grand méchant russe ».
Militaire suédois
L’île de Gotland, face à l’enclave russe de Kaliningrad est en train de devenir une véritable forteresse armée et base militaire pro-américaine.
Quel est en effet le problème de défense suédois qui justifierait une telle augmentation budgétaire ? La Suède a parlé officiellement de « défense totale » et effectivement, il ne faut pas non plus négliger la gestion de la sécurité intérieure, la Suède payant maintenant par des troubles intérieurs, des rivalités de bande, les conséquences néfastes de son laxisme migratoire mais est-ce suffisant pour expliquer la reprise comme dans les années 40 d’une remilitarisation conséquente de la Suède ? N’y a-t-il pas en effet quelque chose d’autre derrière ?
Pour justifier son programme de réarmement, la Suède a avancé le projet de pouvoir résister plus de trois mois à une attaque directe ? Mais d’où pourrait donc bien provenir cette attaque si ce n’est du voisin russe ?
La société civile suédoise est certes disloquée et commence à être déchirée par des conflits ethnico-confessionnels mais pas au point de justifier un tel renforcement sécuritaire. Il faut donc en chercher ailleurs les raisons et on est bien forcé alors de se tourner vers l’Arctique et la proposition pas si boutade que cela de Donald Trump d’acheter le Groenland.
Militaire suédois en manœuvre
La Suède dans l’Otan ? On est toujours plus fort à plusieurs que tout seul et l’allié naturel est l’allié américain. Les pays nordiques, Suède, Norvège et Finlande vont sans doute être appelés lors du mandat Biden à se repositionner et à constituer un nouvel axe de défense, un épouvantail contre la Russie. De nombreuses manœuvres américaines avec la Pologne ont lieu régulièrement dans cette région glaciale du monde et la Russie est en train de consolider ses positions en Arctique y ayant même envoyé une centrale nucléaire mobile pour les alimenter, centrale ayant d’ailleurs eu quelques soucis sérieux justifiant son rapatriement récent pour réparation au port de St Petersburg ces derniers jours.
Washington est d’ailleurs en passe de déployer des bombardiers stratégiques B1-B Lancer dans l’ouest de la Norvège et c’est la première fois que l’armée de l’air américaine va stationner un certain nombre de bombardiers stratégiques sur sa base aérienne à l’ouest de la Norvège. Cette initiative américaine est due à l’importance croissante de la région Arctique dans la stratégie militaire. Plus de 200 membres de l’armée de l’air de la base aérienne de Dyess, au Texas, devraient arriver à la base aérienne d’Orland avec un escadron expéditionnaire de bombardiers B1-B Lancer pour soutenir les missions éventuelles contre la Russie et la Chine dans la région, a déclaré le Commandement américain en Europe dans un communiqué.
Ce dernier n’a pour autant pas précisé quand les bombardiers B1-B Lancer arriveraient ou combien de temps ils resteraient à Orland, une base sur la côte ouest du pays où la Force aérienne royale norvégienne exploite une flotte d’avions de combat F-35A Lightning II. Il est ainsi très clair que l’US Air Force a maintenant dévoilé clairement sa stratégie dans l’Arctique : elle vise à renforcer sa présence dans la région et à contrer les menaces de la Russie et de la Chine.
ROCKWELL B1 – LANCER
La permanence de la question ukrainienne dans la géopolitique états-unienne
La stratégie d’endiguement et de démantèlement de la fédération de Russie a été actualisée par Zbigniew Brzezinski (1928-2017), dans son livre qui commence d’ailleurs à dater Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde (1997). Exposant sa vision de la géopolitique américaine en Europe et en Russie, rappelons que Brzezinski écrivait : « Indépendamment l’une de l’autre, la France et l’Allemagne ne sont assez fortes ni pour construire l’Europe selon leurs vues propres, ni pour lever les ambiguïtés inhérentes à la définition des limites de l’Europe, cause de tensions avec la Russie. Cela exige une implication énergique et déterminée de l’Amérique pour aider à la définition de ces limites, en particulier avec les Allemands, et pour régler des problèmes sensibles, surtout pour la Russie, tels que le statut souhaitable dans le système européen des républiques baltes et de l’Ukraine… »
La position agressive des dirigeants européens contre la Russie dans l’affaire ukrainienne est révélatrice de la stratégie géopolitique américaine et de l’instrumentalisation de l’Union européenne et de l’OTAN pour étendre son hégémonie ; ce que Brzezinski ne cachait pas lorsqu’il préconisait de sortir l’Ukraine de la sphère d’influence russe afin de l’affaiblir : « L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. »
La stratégie géopolitique de Brzezinski est un demi-succès : pour ce qui est de la domination du cœur de l’Europe par la soumission totale de la France et de l’Allemagne, c’est chose faite (quoique l’Allemagne commence à faire montre d’une certaine velléité d’indépendance), mais quant à l’éclatement de la Russie en provinces, permettant aux Américains de contrôler toute l’Eurasie et d’en extraire les richesses, c’est un échec en raison de l’habileté politique poutinienne. Les rêves de domination états-uniens se sont brisés sur le mur du nouveau tsar russe.
Mais les discours récents de l’Administration Biden montrent que les Américains n’ont absolument pas abandonné leur projet de séparer l’Ukraine de la Russie et ils ne cessent d’ailleurs depuis quelque temps de ramener sur le tapis la question de Crimée qu’ils savent pourtant non négociable avec la Russie puisque les Américains ont perdu la guerre en Syrie, que Poutine les a tenu là-bas et a réussi à tirer avantage de la politique occidentale en Ukraine, par le retour spectaculaire de la Crimée dans la maison russe (mars 2014).
Un nouveau départ en Syrie ?
Or, selon la Voix de l’Amérique, l’administration Biden a décidé de construire une nouvelle base militaire en Syrie occupée. Le 6 février 2021, une cinquantaine de camions serait arrivée à Hassaké avec du matériel pour commencer la construction de cette « base ».
Durant le mandat Trump, la Maison-Blanche avait ordonné le retrait de toutes les troupes US de Syrie où elles stationnaient illégalement. Le Pentagone et la CIA avec la complicité de l’envoyé spécial du président, James Jeffrey, avaient alors demandé des délais, puis avait prétendu devoir laisser quelques troupes pour prévenir un retour de Daesh. En réalité, des mercenaires kurdes exploitaient des puits de pétrole avec une société US. Les profits étaient répartis entre d’une part ces mercenaires et d’autre part la caisse noire de la CIA qui permet de financer des opérations secrètes dans d’autres région du monde sans contrôle du Congrès. Aujourd’hui, l’administration Biden renforce donc bien quasi officiellement la présence militaire US en Syrie, en violation du droit international et des résolutions des Nations unies. Elle entend ainsi à la fois faire pression sur la Russie et sur les Gardiens de la Révolution iraniens de manière à reprendre la stratégie Rumsfeld / Cebrowski, celle des guerres sans fin débutées au Moyen-Orient élargi par les présidents George W. Bush et Barack Obama, mais interrompues par l’administration Trump. Significatif le fait que le nouveau secrétaire à la Défense, le général Lloyd Austin, ait déjà supervisé toutes les guerres du Moyen-Orient élargi —dont celle en Syrie— à la fin du mandat de Barack Obama. C’est lui qui avait mis en place le fameux programme à 500 millions de dollars pour former les « rebelles » syriens où il s’avéra qu’il ne trouva aucun rebelle et ne forma que « quatre ou cinq » soldats selon ses propres dires devant le Sénat.
Cette semaine, l’armée américaine a annoncé avoir gelé l’ordre de Donald Trump de retirer 12 000 soldats d’Allemagne. Le nouveau chef du Pentagone Lloyd Austin entend ainsi réévaluer la décision, avant de soumettre ses recommandations à l’administration Biden. Dans une allocution d’une vingtaine de minutes, le président américain, Joe Biden, a cherché à dire au monde que sa diplomatie serait une vaste remise à plat de celle de Donald Trump et que son ambition était de redonner aux Etats-Unis leur place de leader mondial. À commencer par une condamnation ferme des agissements de Moscou et un changement de ton moins conciliant avec les Russes : « J’ai dit clairement au président Poutine (…) que le temps où les États-Unis capitulaient devant les agressions de la Russie (…) était révolu. » Joe Biden a prévenu que la rivalité entre Washington et Pékin prendrait la forme d’une « compétition extrême », (donc d’une guerre économique) tout en assurant qu’il voulait éviter un « conflit » (que l’Amérique serait incapable de remporter) dans un entretien diffusé sur CBS. Le président américain a ajouté que son homologue, Xi Jinping, n’avait « pas une once de démocratie en lui ».
L’excellence militaire russe
En tout cas, la Russie – et nous reviendrons sur la Chine plus tard – ne baisse pas les bras y compris dans le choix très professionnel de ses chefs. Alors que sa gestion du mouvement pro-Alexeï Navalny accapare l’attention, le Kremlin réfléchit à fond en ce moment à ses nouveaux piliers sécuritaires et militaires. D’après nos informations, le Kremlin songerait par exemple à remplacer très prochainement Valeri Guerassimov, 65 ans, le chef d’état-major de l’armée russe depuis 2012. Cette possibilité se fait jour depuis que le haut gradé a été nommé, à la fin de l’année dernière, président de l’Académie des Sciences Militaires, un poste qui fait figure de point de chute honorifique et prestigieux pour un général qui incarne le renouveau des forces russes.
Selon nos sources, Alexandre Dvornikov, 59 ans, serait le mieux placé dans la course à la succession. Natif d’Extrême- Orient, il commandait le contingent russe en Syrie au début de l’intervention militaire de Moscou en septembre 2015 et a reçu en propre des mains du président Vladimir Poutine le titre de « Héros de la Russie » au terme de sa mission en 2016.
GAL DVORNIKOV
A la tête de la turbulente région militaire Sud, le général Dvornikov a été sanctionné par l’Union européenne (UE) en 2019 pour son rôle présumé dans l’arraisonnement d’un bâtiment militaire ukrainien dans le détroit de Kertch, fin 2018.
Outre cette évolution à la tête des armées, le Kremlin commence à renouveler les générations dans les structures de sécurité. Par exemple, le nom du gouverneur de Toula, Alexeï Dioumine, ex-garde du corps de Vladimir Poutine, commence à circuler pour prendre la tête du service de sécurité, le FSB, à l’automne prochain, après les législatives de septembre. Fidèle parmi les fidèles de Vladimir Poutine, l’actuel directeur du FSB, Alexandre Bortnikov, en poste depuis mai 2008, sera alors atteint par l’âge limite. Plus bas dans la hiérarchie, d’autres jeunes généraux incarnent la relève et semblent promis à des postes plus importants dans les mois à venir. Ce changement de génération dans les structures étatiques est accompagné par le même phénomène dans les grands groupes de défense et d’énergie qui dépendent des commandes de l’État, où les fils d’oligarques commencent à prendre le pouvoir.
Politique fiction : l’intégration du Donbass ?
Nous venons d’évoquer la scène européenne à partir du Nord et de la Baltique et nous avons même parlé d’un champ de bataille probable sur le théâtre européen à laquelle, la France ni matériellement, ni moralement ne serait d’ailleurs préparé car à supposer aujourd’hui une invasion classique hautement improbable comme en 40, ce serait pour notre état-major une déroute complète au point que même un Marc Bloch ou un Michel Mohrt ressuscités ne trouveraient les mots pour la décrire. Mais arrêtons la politique-fiction et revenons à plus de réalisme.
Depuis décembre 2020, très curieusement, nous notons l'intérêt grandissant de la Turquie, membre de l'OTAN, pour l'Ukraine: un accord militaire vient d’ailleurs d’être passé entre les deux pays, prévoyant une production commune pour l'Ukraine de ces drones de combat, drones si performants qu’ils ont apporté en quelques semaines la victoire incontestée à l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh. La livraison d'une première partie de ces drones de combat est en cours et laisse entrevoir la possibilité de nombreuses victimes civiles en cas d’utilisation dans le Donbass, conflit toujours ouvert même s’il n’est guère couvert par nos journalistes occidentaux. Or que signifierait l’usage des drones de combat au Donbass par le gouvernement fantoche et ouvertement pro-nazi d’Ukraine si ce n’est le risque d'extension du conflit vers la guerre totale ? Immédiatement par à la fois, le jeu des alliances (l’OTAN) et la propagande américaine qui en résulterait, n’y aurait-il pas ici le risque véritable d’une possible extension au continent européen ?
En fait sans doute, tout l'intérêt est là à la fois pour les faucons américains qui entourent Joe Biden et les Atlantistes européens qui peuplent les couloirs de l’UE : ils savent bien que dans une telle configuration, la Russie ne pourrait pas s'en tenir au seul soutien « caché » du Donbass ou à des déclarations diplomatiques, aussi si fermes soient-elles.
Poutine que nous semblons connaître ne pourra pas en effet se donner le luxe dans une telle situation de perdre politiquement tant à l'intérieur qu'à l'international sur la question du Donbass. Ce serait à la fois pour lui une question d’honneur, de respect de la parole donnée et de conservation du leadership régional. La Russie en cas d’utilisation planifiée des drones « turcs » par les Ukrainiens au Donbass serait ainsi amener à intensifier sans équivoque son aide et même à l’envisager de manière directe c’est-à-dire pour être encore plus clair, elle serait prête à défendre par tous les moyens le Donbass russe contre cette agression, agression qui serait somme toute, un coup indirect de l'OTAN puisque la Turquie en demeure un membre très actif? Lors, la question longtemps écartée jusqu’alors par la Russie en tant que concession diplomatique de l'intégration du Donbass serait forcément remise sur le tapis et pourrait retrouver tout son sens dans un nouveau contexte conflictuel où les pays européens dont la France seraient contraints très vite à prendre position.
L’accord de décembre 2020 entre la Turquie et l'Ukraine est un accord militaire concernant la production commune de drones de combat avec transfert de technologie et en attendant la mise en route de cette production, l'Ukraine se disait aussi prête à acheter des drones Bayraktar TB2, ces mêmes drones qui ont fait la différence dans le conflit du Haut-Karabakh. Or, il semblerait, selon certains experts, que la Turquie ait été largement aidée par les États-Unis à prendre la "bonne décision", celle d'une implication active dans le conflit ukrainien, suite à des sanctions imposées à ses entreprises de production d'armes. Cette délicate incitation expliquerait certainement le prix de vente incroyablement bas des drones qui viennent d’être vendus à l’Ukraine. En février 2021, est tombée effectivement le détail d'une vente de six drones de combat à l'armée ukrainienne à un prix seize fois inférieur à celui du marché !...
Or, il y a sur le terrain du Donbass une intensification de l'activité des forces armées ukrainiennes, en violation directe par ailleurs des Accords de Minsk. A Cette intensification réelle, l’achat des drones oblige effectivement à se poser la question d'une reprise possible et "finale" du conflit pour l’été 2021.
De son côté, la Russie a déjà appelé les Occidentaux à dissuader l'Ukraine de se lancer dans une telle folie guerrière, tout en soulignant que l'armée ukrainienne est soutenue, armée et entraînée par les Occidentaux et que le gouvernement ukrainien ne pourrait survivre sans l’aide européenne.
On nous rétorquera sans doute que les Occidentaux ont avec le Covid-19 d’autres chats à fouetter que réellement envie de se battre pour l'Ukraine ? Mais, qui manœuvre derrière ? Nous ne retenons hélas rien des affaires d’Irak, de Syrie ou de Libye ? Aucun conflit armé ne peut être contrôlé, il sort toujours des limites initialement prévues et entraîne des conséquences imprévisibles d’autant qu’en Ukraine, sur le Donbass, nous sommes sur le limes, sur l’une des frontières clef du verrou eurasien, sécuritaire et vital pour la Russie.
Or, le Donbass n'est pas le Haut-Karabakh, en cas d'affrontement militaire, la Russie ne peut et ne pourra pas se permettre de rester en retrait. Sur ce limes et ce verrou, la situation stratégique demeure complexe sur le plan de la sécurité internationale, car la reprise dans le sang du Donbass par l'OTAN, sous faux-drapeau turco-ukrainien, remettrait totalement en cause la stabilité de tout le continent européen et pour la France la mettrait de nouveau dans un choix cornélien qu’elle sera d’ailleurs, on peut le prévoir, bien incapable de trancher vu les positions mondialistes et atlantistes de tout son personnel diplomatique. Elle se retrouverait ainsi dans un bras de fer contre Ankara en Libye et en méditerranée orientale et prête à la soutenir en Ukraine c’est-à-dire victime de tous les chantages possibles sans compter, rappelons-le ici au passage, qu’un tiers des imans des mosquées françaises sont turcs !
D'un autre côté et pour être peut-être plus rassurant et plus optimiste, la menace d'une intervention de la Russie, doublée d'une intégration du Donbass dans la Fédération de Russie, pourrait être le seul élément qui fasse réfléchir très sérieusement et à deux fois les aventuriers néo-cons de nouveau au pouvoir aux États-Unis avant de lancer leurs troupes et d’en appeler à leurs alliés garde-chiourmes européens. Car il y a une différence entre faire la guerre aux néo-nazis de Kiev et faire la guerre à la Russie.
Notons tout de même que l’option de l'intégration du Donbass à la Russie a été écartée par Moscou jusqu’alors pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le scénario de Crimée était unique et n'illustrait pas une vision expansionniste de la Russie qu’elle n’a jamais eu contrairement à ce que laisse entendre Joe Biden et toute sa clique anti-russe. Ensuite, la Russie n'a non plus jamais eu, nous semble-t-il, la volonté de remettre en cause la stabilité internationale, ce que peut démontrer ses appels incessants à exécuter les Accords de Minsk, qui inscrivent bien le Donbass dans le cadre de l'État ukrainien, soulignant certes et comme dernière carte face à la mauvaise foi occidentale que dans le cas contraire, l'Ukraine pourrait définitivement perdre le Donbass comme elle a perdu la Crimée.
Avec l’investiture de Joe Biden, la situation géopolitique a donc bel et bien changé. L'intensification de la confrontation entre le clan atlantiste et la Russie va modifier la donne sur de nombreux points instables de la carte du monde et en particulier conduire peut-être la Russie aux extrêmes puisque si de toute manière des sanctions sont adoptées en chaîne conte la Russie, si de toute manière la rhétorique anti-russe continue à prendre de l'ampleur, si de toute manière les Atlantistes veulent faire de la Russie un état-terroriste, un paria, pourquoi alors ne pas réagir et finalement se présenter comme tel ?
Volontaires des milices ukrainiennes à Kiev le 14 mars 2020. Les connaisseurs des mouvances néo-nazies apprécieront les drapeaux… les Européens qui financent l’UE apprécieront aussi de savoir que leur argent permet de compléter les subventions états-uniennes pour armer ces milices.
Retour du boomerang, dialectique de l’arroseur arrosé ?!..
Si donc il a été décidé par l’OTAN de faire entrer le combat du Donbass dans une phase finale et que pour ce faire, il est certain qu’une raison sera toujours trouvée par les Occidentaux et la Russie diabolisée pour la combattre, autant y aller franchement du côté du Kremlin !
Les mondialistes n'auront alors plus le choix, ils devront gagner ou périr or, sur le terrain de la guerre ouverte, ils ont jusqu’alors tactiquement toujours perdu. Finalement à y réfléchir bien, tout commença peut-être à Maidan, l’erreur occidentale de trop, qui a conduit de fait à l'intégration de la Crimée, au retour de la Russie, décomplexée, sur la scène internationale, en particulier proche-orientale avec le conflit syrien. Dans tous les cas et nos décideurs français auraient intérêt à bien y réfléchir à deux fois ces temps-ci, cela risque d’aller très vite car la Russie a une fois de plus les cartes en main. Simplement elle risque d’être forcée par l’aventurisme ukrainien de devoir faire sous peu rapidement un choix stratégique décisif, avec toutes les conséquences politiques que cela implique.
Quant à l’Europe simulacre de puissance, divisée, sans ligne géopolitique calculée et réfléchie, si les Européens laissent faire, comme ils le font actuellement, tout occupés qu’ils sont à obéir aux lobbys pharmaceutiques, à confiner et à déconfiner leur population faute de pouvoir la contrôler, à détruire son outil économique, ils pourront être embarqués et beaucoup plus vite qu’ils ne se l’imaginent dans un conflit qui mettra effectivement à genoux cette Europe, déjà triste fantôme d'elle-même, socialement, culturellement et moralement.
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