C’était un soir à Saigon,
La veille de monter au front,
Dans un des bars à troufions
Qui viennent flamber pour un con
D’indigène tout leur pognon.
Une maquerelle à chignon,
Flanquée d’impressionnants nichons,
L’œil vif tel celui du faucon,
Encaissait les consommations
Sans la moindre erreur d’addition.
Elle appelait par leurs prénoms,
Des prénoms de composition,
Betty, Sarah, Cindy, Marion,
Les filles à disposition
Et les affectait aux dindons.
Du moins ceux en condition
D’avoir une bonne érection
Après trois litres de pression.
Priorité à la Légion
Sur les Saint Cyriens à galons.
La vie n’a eu qu’une saison
Pour ceux des bars de Saigon.
Morts sous les obus de canons
Des Viets et par la trahison
Des bavards du Palais Bourbon.
Roger-Pol COTTEREAU
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