Les idéologues de l’hystérie climatique vus à l’ombre du Coronavirus
par Samuele FURFARI
Il semble morbide et cynique, alors que des milliers de personnes meurent du Coronavirus, d'insister en ce moment sur l'impérieuse nécessité d'agir contre le changement climatique. Pourtant, des idéologues, qui sont aussi et surtout ceux de la remise en cause de l'économie de marché, osent le faire. Ils ne ratent aucune occasion d'essayer de faire croire que le changement climatique cause ou exacerbe cette crise. Il est nécessaire de les dénoncer pour préparer l'avenir.
L'UE a le choix de s'entêter et continuer à s'enfoncer dans le cul-de-sac de cette transition énergétique absurde dans laquelle l'entraine le Commissaire en charge du climat, Franz Timmermans. (Crédits : Reuters)
Un climatologue français1 semble regretter que « ce qu'on fait pour le Coronavirus, c'est deux ans de financement climat » car, d'après lui, si on dépense de l'argent pour sauver des vies, on pourrait tout aussi bien redoubler d'effort pour sauver la planète. Un climatologue belge2 a eu l'outrecuidance de tweeter à la Première ministre belge et à son vice-Premier ministre en charge du budget qu'ils profitent de cette crise pour introduire une taxe sur l'énergie : « #Covid_19 : C'est le bon moment pour instaurer une vraie taxe CO2 sur les carburants, le mazout [fioul en Belgique] et le gaz fossile. Leur prix ayant fortement baissé, ce sera indolore. Cela permettra de dégager des ressources pour compenser les effets de la crise. » Sur Facebook, ce membre éminent du GIEC s'est fait traiter de « charognard », entre autres épithètes.
En pleine crise, « presque hilare », un commentateur politique3 bien connu a apprécié que ce « virus révolutionnaire » empêchait la privatisation des aéroports de Paris et s'en est pris aux « banques mondiales [qui] échouent lamentablement face à la crise climatique en injectant des billions dans les combustibles fossiles».
De son côté, l'architecte de l'Accord de Paris (COP-21) a déclaré4 que « nous avons une crise massive = une opportunité à saisir. Nous ne pouvons pas nous permettre de la gaspiller. La relance doit être verte ».
Quant au Secrétaire général des Nations unies, il a profité, comme à chaque échec d'une COP, d'annoncer l'aube d'un jour nouveau5: "Nous avons un cadre d'action - l'Agenda 2030 pour le développement durable et l'Accord de Paris sur le changement climatique. Nous devons tenir nos promesses pour les populations et la planète". Un chercheur de l'Université de Liège (Belgique) s'est demandé s'il était « utile de sauver toutes les compagnies aériennes, notamment les low cost ?6», alors que l'on a assisté grâce à elles au développement du tourisme, ce qui a également apporté du bonheur aux voyageurs dans un monde de plus en plus difficile.
Certains conseillent7 de mettre en œuvre le « biorégionalisme », en fait une variante permanente du confinement temporaire que nous vivons en ce moment, car « il va se développer après l'effondrement de la civilisation occidentale : il n'y aura plus le choix, il faudra avoir un mode de vie biorégional, qui prenne soin de la nature ». Il suffit de voir la difficulté des autorités à faire respecter pendant quelques jours la « distanciation sociale » et le confinement pour comprendre qu'une telle « solution » est, elle aussi, à la fois utopique et contraire aux plus élémentaires besoins humains. Même les chasseurs-cueilleurs de jadis, leur modèle (sans la chasse sans doute), se déplaçaient loin de leur « biorégion » d'origine.
Occasion de générer plus de confusion
Arrêtons là cette énumération d'idées scandaleuses, au moment où nos hôpitaux sont sur le point de sombrer et qu'il y a plus de 4.000 morts en Italie seulement. Ce florilège aberrant, cette litanie lugubre, montre d'évidence que la crise du Coronavirus est considérée par les écologistes de tous les partis comme une occasion de générer plus de confusion encore auprès de nos concitoyens et de manipuler l'opinion publique et sur les causes de la crise et ses solutions, afin d'imposer leur vision totalitaire, primitiviste, dangereusement utopique et quasi-carcérale à notre mode de vie.
Comme l'a parfaitement résumé en mars 2007 le Professeur du MIT Richard Lindzen, un des plus éminents climatologues et membre démissionnaire du GIEC, et rappelé au Sénat des États-Unis en octobre 2007 8: « Contrôler le carbone est le rêve des bureaucrates. Si vous contrôlez le carbone, vous contrôlez la vie ».
Nous y voilà.
C'est pourquoi, même si cela peut sembler en contradiction avec la première phrase de cette contribution, les citoyens et les décideurs ne peuvent pas laisser le champ libre aux ennemis de la liberté pour continuer leur abjecte stratégie, en profitant d'une souffrance physique et morale inégalées depuis la Seconde guerre mondiale en Europe.
La peste au 14e siècle, la grippe espagnole (mes deux grand-mères en sont mortes en 1918), le choléra de Naples en 1973 et tant d'autres épidémies et pandémies semblables à celle que nous vivons devraient nous convaincre que ce virus n'a rien à voir, ni de près ni de loin, avec le « changement climatique », « l'économie de marché », « la globalisation » et « les banques ». Il est par ailleurs infâme d'utiliser une panique sanitaire concrète et immédiate afin de propager une panique modélisée par ordinateur pour des décennies. Car c'est là que réside leur incohérence : ils osent mettre en concomitance la mort d'innocents avec la montée des eaux ou de la température. Comme le rappelle Pascal Bruckner9 « pour l'écologie profonde, l'ennemi est devenu l'homme lui-même » et les pauvres jeunes et moins jeunes qui, à juste titre, rêvent de justice sociale, suivent sans se rendre compte de la manipulation à l'œuvre.
Une nouvelle raison d'être
Rêve. En effet, après la chute du communisme, l'UE avait besoin de se trouver une nouvelle raison d'être, une nouvelle métaphore, comme le préconisait le rapport « Les religions face à la science et la technologie, églises et éthiques après Prométhée10 » remis au président de la Commission européenne de l'époque, Jacques Delors, en novembre 1991. Ce rapport concluait « qu'il est nécessaire d'inventer une nouvelle métaphore qui fasse pénétrer l'Europe dans le XXIe siècle dans la mutation culturelle, c'est-à-dire le réenchantement ». Elle a choisi de faire du « développement durable » cette nouvelle métaphore. Le reste du monde, qui, lui, n'avait pas besoin de « nouvelle métaphore », a continué la quête du progrès et du développement technologique.
Soyons donc conscients que dans un monde globalisé - et sans retour vers le repli sur soi -, nous devrons soit poursuivre la nouvelle métaphore de l'UE et régresser, soit rejoindre le reste du monde qui a choisi de poursuivre sur la voie que nous avions nous-mêmes initiée auparavant. J'ose espérer que l'UE va se ressaisir et adopter cette seconde option. Que faire pour cela ?
Regardons d'abord le passif. L'UE s'est enflée d'un zèle moralisateur en matière climatique et tentait de forcer, à coups de milliards, les pays en développement à suivre la même politique suicidaire. Ainsi, le Conseil européen de décembre 200911 a décidé d'accorder 7,2 milliards d'euros sur trois ans afin d'amadouer les pays en développement pour qu'ils lui emboitent le pas dans la réduction des émissions de CO2 lors de la COP-15 de Copenhague. Ce fut de nouveau le cas avec le Fond vert de l'Accord de Paris12 devant mobiliser 100 milliards de dollars par an avant 2020. Nous sommes en 2020 et on attend toujours cet argent malgré le One Planet Summit de décembre 2017 organisé par Emmanuel Macron, car bien entendu personne n'a assez d'argent pour aller construire des parcs d'éoliennes en Afrique alors qu'on ne parvient pas à le faire chez nous !
Cessons notre nombrilisme européen
Cessons ensuite notre nombrilisme européen, car malgré son économie déjà poussive avant la crise, l'UE a feint d'ignorer, ou a sous-estimé, depuis 25 ans, l'extraordinaire développement économique, social et humain que vivent la plupart des pays asiatiques, et pas seulement la Chine. C'est justement leur développement économique, social et technologique qui leur a permis de commencer à sortir de la crise du Coronavirus, et non une quelconque « frugalité volontaire », « décroissance voulue » et autres utopies.
Pendant que l'UE se lançait dans la conversion intérieure et des pays en développement, les pays d'Asie choisissaient de ne pas se mettre en danger, tout en agissant concrètement.
Ainsi, la Corée du Sud : ses dirigeants et ses industriels ont misé sur la croissance, l'éducation et la recherche... et les énergies fossiles. Elle se classe ainsi parmi les cinq premiers importateurs mondiaux de gaz naturel liquéfié, de charbon, de pétrole brut et de produits raffinés. Les Coréens récoltent maintenant les fruits de ces investissements, les énergies renouvelables ne représentant que 2% de leur consommation d'énergie primaire.
Ainsi, le Japon : il est devenu le spécialiste mondial de la technologie des centrales propres au charbon que, avec le soutien de son système bancaire, le gouvernement japonais s'empresse de vendre à ses voisins asiatiques. Dans le même temps, le fleuron français de l'énergie - Engie - s'est interdit lui-même de participer aux appels d'offres pour la construction de ce type de centrales propres parce qu'il fallait que tout le monde suive le modèle européen des énergies renouvelables. Triste échec, qui a sans doute conduit ou contribué au licenciement de la directrice générale du groupe, mais le mal est fait.
Prenons à nouveau l'exemple de la Corée du Sud et de Taiwan, deux démocraties considérées unanimement comme des exemples de gestion démocratique de la crise du Coronavirus. Ces pays - rappelons le, d'un grand libéralisme économique combiné à une intervention de l'État mesurée et dans les domaines essentiels- ont pu arriver à ces résultats parce qu'ils étaient riches.
Cette richesse a permis à ces sociétés de développer rapidement la technologie, le matériel médical et les tests nécessaires au combat sanitaire. D'où vient cette richesse, inclus celle de ces États ? D'une activité économique privée en croissance, et non principalement de la planche à billets. Et comment cette activité est-elle soutenue ? Par une énergie abondante, permanente et bon marché. C'est d'ailleurs ce que les activistes verts et rouges ont compris : une telle énergie est le talon d'Achille de l'économie de marché. Bloquer l'arrivée de ce sang énergétique causera l'AVC qui terrassera, espèrent-ils, ce système économique qu'ils maudissent.
L'Asie avance
L'Asie avance et que propose l'UE à ses citoyens ? Un paradis vert utopique, rempli d'illusions et de belles paroles. Le Conseil européen de décembre 200913 s'est engagé, à l'exception de la Pologne, à mettre en œuvre le Green deal européen proposé par Ursula von der Leyen en portant les émissions de CO2 à presque zéro. Ce projet est tout simplement impayable et surtout inutile, car le reste du monde a résolument pris une autre direction : depuis que l'UE prétend réduire les émissions de CO2, et les siennes diminuent en effet, elles ont augmenté de 58% dans le monde. Rappelons en passant que ces émissions européennes ne représentent que 9% du total mondial. L'orgueil moralisateur de l'UE sortira renforcé de la mise en œuvre de Green deal européen, mais son économie aura vécu.
Le président Macron a promis de « tirer » les leçons de l'épreuve que traverse actuellement la France. En effet, après cette crise, on ne pourra pas continuer comme avant. On ne sait pas ce qu'il a en tête, mais il serait très judicieux qu'il propose d'abandonner ce coûteux Green deal européen qu'il appelle « transition énergétique ».
En 2008, nous avons vécu une crise du surendettement spéculatif qui a conduit au sauvetage de banques essentiellement européennes qui s'étaient lourdement trompées (et nous avaient lourdement trompés) et d'États qui s'étaient imprudemment surendettés. Cette fois, nous avons à faire à une crise généralisée menant à une récession qui durera. Elle ne pourra être résolue que par l'intervention massive des banques centrales en faveur de tous les secteurs économiques. Le fameux pacte de stabilité (les jusqu'ici intouchables critères de Maastricht - les Grecs apprécieront !) vient fort opportunément d'être suspendu, sans doute pour quelques années. Il faudra dépenser de l'argent pour relancer l'économie d'une UE asphyxiée. Il est hautement souhaitable que cet argent - que nous n'avons pas - n'aille pas alimenter les extravagances d'un Green deal européen même affublé du qualificatif de « juste ». Rien n'est juste lorsqu'on gaspille de l'argent, à plus forte raison l'argent des autres. Or, on retrouve 49 fois les mots « financement »14 et ses dérivés dans la résolution du 15 janvier 2020 du Parlement européen en faveur du Green deal européen. Bien entendu, alors que la crise n'était pas prévisible à ce moment-là, cette résolution devait être la prémisse qui devait ― avant la suspension du pacte de stabilité ― permettre d'amplifier les politiques keynésiennes en vue de relancer l'économie européenne aux abois par les dépenses publiques, c'est-à-dire in fine par la levée de nouvelles taxes, qu'elles soient appelées "carbone" ou autrement. Pour preuve, cette résolution "se félicite de la proposition prévue d'une révision de la directive sur la taxation de l'énergie". Oui, le Parlement européen et les politiques européens étaient prêts à gaspiller notre argent pour s'occuper des émissions de CO2.
Gaspiller notre argent pour faire quoi ?
- Pour fermer les centrales nucléaires, comme celle de Fessenheim, pourtant amortie et en parfait état de marche ? Monsieur Macron ferait preuve d'une stature d'homme d'État s'il revenait sur cette décision absurde.
- Pour remplacer des centrales nucléaires par des éoliennes qui ne fournissent de l'électricité que 20 à 25% du temps15, ce qui induit que les 3/4 du temps il faudra quand même utiliser les équipements de production traditionnels ? Chacun comprendra le gaspillage que cela représente. Rappelons aussi que depuis 2000, dans l'UE, on a dépensé plus de mille milliards 16 d'euros pour que les énergies éolienne et solaire ne représentent au final que 2,5% de notre demande d'énergie primaire, alors que le but du Green deal européen est d'arriver à presque 100%.
- Combien coûtera donc l'effort pour passer de 2,5 à 100% ? La Cour des comptes et une commission d'enquête parlementaire en 2019 ont conclu que la filière éolienne française avait coûté 7 milliards d'euros17 tout en augmentant le prix de l'électricité au consommateur de 35%. Les montants destinés aux éoliennes pourraient être bien plus utiles au ministère de la Santé (7 milliards représentent 9% du budget des hôpitaux français). De plus, notre crise nous démontre combien l'électricité est indispensable pour la vie et doit être disponible en permanence, abondamment et à prix raisonnable, et pas seulement pour les hôpitaux. On félicitera au passage les opérateurs industriels qui assurent la continuité du service public18 au cours de cette crise.
- Pour investir dans des véhicules électriques, ce qui exige des investissements massifs pour renforcer le réseau électrique19 si on veut que ne serait-ce que 10% du parc automobile abandonne le moteur thermique ? En plus, l'électricité d'origine renouvelable subventionnée ne représente qu'une trentaine de pourcentage du total de l'électricité consommée.
- Pour punir le secteur automobile parce que les automobilistes n'achètent pas assez de véhicules électriques et partant reprocher aux constructeurs ne pas avoir atteint l'objectif européen en matière d'émissions de CO2 ? Ces amendes devrait avoisiner les 14,5 milliards d'euros pour les treize principaux20 constructeurs automobiles européens, milliards qui alimenteront le gaspillage du Green deal européen. L'ensemble du secteur automobile fournit des emplois21 directs et indirects à 13,8 millions de personnes dans l'UE. Il mérite d'être protégé pour son rôle crucial pour la santé, la protection et la distribution de l'alimentation de la population européenne comme la crise nous le révèle.
- Pour continuer à dire que l'on doit construire des maisons passives ? Une Directive de 2002 s'en occupait déjà et l'Article 9 de celle de 201022 exigeait même que « les États membres veillent à ce que d'ici au 31 décembre 2020, tous les nouveaux bâtiments soient à consommation d'énergie quasi nulle » ; cette date était même anticipée au 31 décembre 2018 pour « les nouveaux bâtiments occupés et détenus par les autorités publiques ». Objectif totalement raté ! Mais à présent on le propose à nouveau et comme si c'était une nouveauté. Entendons-nous bien : il est souhaitable de poursuivre la réduction de la consommation d'énergie des bâtiments, mais la voie législative suivie depuis 18 ans est un échec patent. Mieux, et c'est l'ingénieur que je suis qui parle : on a préféré financer des panneaux solaires et des éoliennes alors que tant d'immeubles publics et de maisons particulières ont encore des fenêtres à simple vitrage.
Arrêtons ici cette litanie. Devant l'ampleur de la crise économique qui arrive, il n'est pas impossible que la Commission européenne soit considérée comme le fusible, le bouc-émissaire, alors que c'est le «co-législateur » (Parlement européen et Conseil de l'UE) qui prend les décisions. Elle est déjà largement critiquée par les populistes. Par exemple, l'hebdomadaire satirique flamand't Pallieterke dénonce la Commission, en faisant un parallèle avec les sinistres commissaires du peuple soviétiques : « une dictature avec la Commission européenne dans le rôle de l'ancien Politburo ».
Abandonner le principe de précaution
L'UE a le choix de s'entêter et continuer à s'enfoncer dans le cul-de-sac de cette transition énergétique absurde24 dans laquelle l'entraine le Commissaire en charge du Climat, Franz Timmermans. Ceci ne manquera pas d'aggraver le désamour qu'elle suscite déjà. Pourtant, l'UE peut aussi se ressaisir, comme beaucoup le pensent. Ainsi, le Premier Ministre tchèque, Andrej Babiš, prône l'abandon du Green deal européen25 afin de donner la priorité aux conséquences dramatiques du Coronavirus.
Bien entendu, il n'y aura pas de solutions simples pour relancer l'économie, mais ce ne sera certainement pas à travers l'onéreux Green deal européen.
D'abord, en matière de développement durable, l'UE aurait déjà intérêt à abandonner le principe de précaution que Jean de Kervasdoue a justement appelé 26« principe de salaud » car il musèle l'initiative et la prise de risques indispensables au progrès. S'il avait appliqué le principe de précaution, Christophe Colomb n'aurait jamais navigué vers l'ouest et on n'aurait jamais osé utiliser les vaccins au 19e siècle.
Ensuite, comme à ses débuts, l'Union doit donner la priorité à la consommation d'énergie, car comme le met en évidence la crise que nous vivons, l'énergie c'est la vie !
Car une énergie abondante, permanente et bon marché permet d'assurer le bon fonctionnement de nos infrastructures sanitaires, et permettra de relancer l'économie qui, par l'impôt, financera les aides économiques aux citoyens et entreprises impactés. Petit rappel historique : en juin 1955, les six pays fondateurs du futur Marché Commun ont déclaré dans l'historique « résolution de Messine27 » qu'il n'y aura pas d'avenir sans énergie bon marché et abondante. Ils s'étaient basés sur la science ― la vraie et non pas celle de la modélisation informatique ― pour l'affirmer.
J. Beyen, G. Martino, J. Bech, A. Pinay, PH. Spaak - Conférence de Messine, 1er juin 1955 - Crédits : Communauté européenne
En conséquence, fournissons de l'énergie bon marché et abondante et mettons de côté l'utopie du Green deal européen. Après tout, ce Green deal européen n'a rien de neuf si ce n'est la communication qui l'entoure. En effet, la stratégie de l'utopie de la transition énergétique existe depuis plus de 20 ans et elle n'a pas marché et ne marchera pas, car elle est coûteuse et surtout inefficace. Notre système économique et énergétique a bien des défauts ― y compris l'origine de certaines pollutions ― mais c'est celui qui nous fait vivre et a prouvé son efficacité dans ce domaine. Les Européens ont besoin de vivre et donc d'énergie abondante, constante et bon marché, tout le contraire de l'objectif de la transition énergétique.
De plus, cessons de croire que nous sommes « les meilleurs », alors que la crise nous a finalement montré le contraire : l'Asie a pris le leadership technologique et est en passe de prendre celui de l'économie. Ils ne nous suivront pas dans la transition énergétique. Essayons de les émuler et de les rattraper avant qu'il ne soit définitivement trop tard. Il est dès lors indispensable de promouvoir et aider plus encore la recherche, en particulier dans le domaine de la santé, mais en mettant fin à la gestion bureaucratique actuelle qui laisse « Bruxelles » décider jusque dans le menu détail les secteurs qui bénéficieront des financements. Les chercheurs des laboratoires nationaux et des industries savent bien mieux que les nombreux « comités d'experts » qui choisissent - pas toujours de manière transparente - quelles recherches ils doivent mener. Si on veut sérieusement aider la recherche et le développement technologique, on pourrait commencer par supprimer la TVA dans ce secteur, et réduire drastiquement les prélèvements et charges qui pèsent sur le personnel de recherche. C'est infiniment plus simple, plus rapide et plus efficace. L'avenir dépendant du progrès technologique, y compris pour juguler d'autres crises imprévisibles et éviter les pollutions atmosphériques et des eaux, il faudra remettre à l'honneur l'enseignement des sciences fondamentales et appliquées et financer sérieusement l'enseignement universitaire, y compris ses laboratoires, dans ces domaines précis, et favoriser le recrutement des étudiants dans ces domaines-là, au détriment, éventuellement, d'autres filières « plus populaires » s'il faut faire des choix budgétaires. Car dans les années à venir, on aura besoin plus que jamais de bien plus d'ingénieurs, de scientifiques et de médecins.
Lancer une vraie politique de protection civile européenne
Une fausse bonne idée serait de renforcer des mesures européennes de santé ; laissons cela à la subsidiarité - si chère à Jacques Delors et à l'église catholique romaine - : ne rêvons pas d'une machinerie bruxelloise pour gérer la santé de 550 millions d'habitants. Par contre, pourquoi ne pas lancer une vraie politique de protection civile européenne ? Cette crise et d'autres passées montrent combien le besoin de « solidarité entre les États membres » (article 3 et 122 du traité de Lisbonne) est crucial. Observons qu'actuellement l'aide d'urgence de la Commission européenne est mieux structurée et plus efficace pour intervenir dans les pays en développement que dans l'UE. Ce serait là un vrai deal européen qui rencontrerait les besoins et la reconnaissance des Européens.
Un dernier mot. Il faudra aussi donner la priorité à l'humain et non aux peurs que nous ont instillées les écologistes de tous les partis. Madame Ursula von der Leyen, qui est médecin et a été chercheuse assistante en médecine sociale, devrait me semble-t-il être plus intéressée par cette initiative que par l'utopie verte. Il est aussi urgent d'instiller dans la population européenne les anticorps nécessaires pour résister au virus de l'idéologie propagée par les écologistes de tous les partis, par ceux qui osent dire que la pandémie du Coronavirus est finalement due à notre qualité de vie, alors que ce qui mènera à la dégradation assurée de celle-ci sera sans aucun impact sur le climat. Qu'ils osent le dire aux Européens dans 6 mois, ou bientôt en Afrique, où on produit peu de CO2, mais où l'hécatombe qui va arriver si le virus n'est pas éliminé par la chaleur sera bien plus dramatique. Les Africains vivent quotidiennement dans la pauvreté énergétique, le manque d'électricité28, la décroissance et la frugalité involontaires. C'est cette pauvreté si terrible, et non le changement climatique, qu'ils essaient de fuir au péril de leur vie.
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