Notre rédacteur en chef adjoint, auteur d’une dizaine d’ouvrages historiques dont son dernier couronné par l’Institut de France, a produit, en dilettante, plusieurs poèmes dont celui que nous publions aujourd’hui qu’il écrivit au retour de la guerre en ex-Yougoslavie. « Amra » lui valut le « Premier Prix 1995 » du Centre européen de la Poésie et le « Prix Jean Moréas » du Grand Prix Littéraire du Luberon, en 1996.
Il nous a proposé d’exhumer ce petit poème parce qu’à la fois les victimes civiles dans le Donbass lui ont rappelé celles de l’ex-Yougoslavie et parce qu’il souhaiterait que les lecteurs de « Sans Frontières », notamment parmi les volontaires français, puissent avoir l’envie de retracer leurs impressions sous la forme de poèmes ou de nouvelles.
AMRA
Entre Italie et Serbie
Il y avait la Yougoslavie
Je t’ai rencontré là-bas
Au milieu des ruines et fatras
Dans l’attente que se termine l’hiver,
Tu survivais terrée au centre de cet enfer.
Le hasard nous a fait rencontrer,
Pour ne plus nous quitter.
Nous avons parlé,
Echangé nos craintes, nos idées,
Et quand les mots ne pouvaient se traduire,
Le langage de tes yeux pouvait suffire.
Nous partagions notre peur, notre pain,
Espérant la paix pour demain.
Car au milieu de cette horreur,
Nul ne peut mourir avec honneur.
La peur, la cruauté, la mort, triptyque du désespoir,
Ne te laissaient que de moins en moins d’espoir.
Ton esprit s’égarait dans le passé,
Se perdant en nostalgie des années de Paix.
Souviens-toi, Amra,
Du temps où la terre n’avait pas la couleur de la guerre,
Où les champs fleuris n’étaient pas encore des cimetières,
Du temps où le ciel ne se déchirait point sous les déluges de feu,
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