Voilà, le printemps va bientôt s'inviter dans notre quotidien pour préparer notre organisme à l'été tant attendu et se remettre d'une alimentation hivernale trop calorique. D'où le maître mot très « tendance » de la détoxication. La mode de la « détox » est d'invention relativement récente, et repose sur des bases scientifiques fragiles. Il s'agit en réalité d'un simple artefact publicitaire réunissant des théories new-age, des industries parapharmaceutiques et des pseudo-sciences, disposant d'un fort pouvoir d'impact médiatique. De très nombreux scientifiques se sont élevés contre cette nouvelle mode anti-scientifique dans les médias mais ont reçu une attention médiatique plus restreinte ; en conséquence, le succès commercial déjà bien installé du concept de « détox » n'en a pas été ébranlé pour autant.
Les critiques avancent que les cures de détox sont généralement dictées par des médias spécialisés sans le moindre contrôle scientifique, et que les résultats observés au niveau du bien-être quand il y en a sont principalement imputables à l’effet placebo. Sans fondements scientifiques les résultats en termes de détoxication sont peu quantifiables (notamment du fait de l'absence de toxine à quantifier) et très critiqués par les biologistes : aucune étude n'a encore pu montrer une efficacité quelconque de ces traitement sur la concentration de toxines métaboliques. Selon Edzard Ernst (professeur émérite en médecine complémentaire à l'université d'Exeter), « Il n'existe aucun mécanisme connu - et certainement pas les traitements « détox » - capable de faire en sorte que des fonctions en parfait état dans un corps sain puisse fonctionner mieux. »
Gardons en mémoire qu'il nous faut une alimentation diversifiée et variée. Cette alimentation, même si l'on doit faire un dîner léger avec poisson et légumes verts, en association mais sans dessert, celle-ci ne doit être en aucun cas carencée ou nous occasionner l'inconfort de la faim. Et pour un bon équilibre, trente minutes d'activités physiques progressives et pas obligatoirement sportives sont nécessaires à notre équilibre de vie de tous les jours. Mais là encore on doit rester dans le ludique et donc dans le plaisir et non dans la contrainte. Contrainte qui dans le temps sera synonyme d'abandons, étayé par des prétextes plus ou moins plausibles. Montaigne nous avait déjà enseigné et même bien avant le grec Hippocrate, « Un esprit sain dans un corps sain ». L'humain est cette alchimie mêlant le corps et l'esprit. La preuve, comme je l'ai développé dans mon ouvrage « La PsychoMorphoNutrition » que souvent un déséquilibre psychologique peut orienter l'individu vers des déviances alimentaires pouvant nous entraîner vers ces deux extrémités que sont l'anorexie et la boulimie. Et donc d'une part, il faut manger BON pour manger BIEN mais il faut avoir un corps tonique pour mieux résister aux agressions soient extérieures comme la pollution, l'alimentation industrielle grasse et trop sucrée avec souvent des ingrédients de faible coût et donc de mauvaise qualités nutritionnelles, soient internes comme les « accidents de la vie » égrainant notre chemin d'individu et donc notre psychisme comme le deuil, le divorce ou le chômage.
Docteur Bernard-Philippe Bulidon
Saisissez votre adresse mail dans l'espace ci-dessous : c'est gratuit et sans engagement
Partager cette page