par Elena SYDOROVA
Le 15 avril 2015, le docteur Hélène SYDOROVA, de l’Université Nationale Technique de Donetsk, échangeait avec Monsieur François MAURICE, Historien, Lauréat de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, chercheur au Centre des Hautes Etudes Franco-Allemande pour l’Europe (CHEFAE) et doctorant en géopolitique européenne.
Ancien officier de l’armée française, au sein de laquelle il servit près de trente ans, Monsieur François MAURICE a participé à plusieurs conflits en Afrique comme en Europe, notamment comme casque bleu lors de la guerre serbo-bosniaque en Ex-yougoslavie durant le printemps 1995. Durant cette période, qui fut l’une des plus meurtrières de ces trois années de conflit, il mesura l’écart entre la situation politique du terrain et la présentation faite par les médias. Il mesura plus encore la puissance de la manipulation américaine au cœur de l’Europe et les conséquences qui en découleront. Parmi ses œuvres : « Le Traité de l’Elysée – 50 ans de relations franco-allemandes » distingué par l’Institut de France. Mais un autre ouvrage retient notre attention « Le ciel est à elles », un livre historique sur les aviatrices au sein desquelles nous retrouvons Mademoiselle Léna BERNSTEIN, jeune pilote d’origine russe.
- Pourquoi Léna Bernstein dans votre livre ?
- J’ai choisi de réaliser un ouvrage sur les héroïnes de l’aviation qui se sont toutes illustrées à Mont-de-Marsan, ville du Sud-Ouest de la France. Parmi d’autres grands noms de l’aviation, dont Adrienne Bolland et Hélène Boucher, une jeune russe vient participer à un meeting dans cette ville. Elle détient déjà un record du monde en volant pendant 35 h 45, battant ainsi le record de durée de pilote seul à bord détenu jusque-là par Lindbergh. Mais mon ouvrage n’est pas un livre sur l’aviation. Il est avant tout un hymne au courage de ces femmes et Léna Bernstein n’en manquait pas… J’ai une affection particulière pour cette jeune femme car elle montrait tout à la fois la détermination, héritée de ses origines slaves, et la fragilité d’une adolescente qui aurait voulu grandir trop vite.
- Vous étiez à Sarajevo en 1995. Quelle était votre mission au sein de l’Organisation des Nations Unies ?
- En tant que casque bleu, j’appartenais à une unité anti-sniping. Notre mission consistait à bord de véhicules blindés de faire des couloirs humanitaires afin de faire traverser les rues en toute sécurité aux citoyens de Sarajevo. Pour faire simple, pendant que les habitants, serbes ou bosniaques, marchaient protégés par le véhicule nous devions repérer les snipers qui nous tiraient dessus.
- Quelles leçons retirez-vous de cette période ?
- Que l’horreur et l’ignominie n’ont pas de camp. Que nous étions très loin des stéréotypes présentés par les médias français avec les « vilains » Serbes d’un côté et les pauvres victimes bosniaques de l’autre. Qu’une fois de plus les manœuvres atlantistes ont su imposer des systèmes qui, un jour ou l’autre, se retourneront contre nous…
- Vous êtes sensible à la situation du Donbass. Comment l’expliquez-vous en France ?
Pour faciliter la compréhension afin que l’auditeur y soit plus sensible, il convient de rapprocher cette situation à une situation de proximité qui pourrait être semblable. Ainsi je prends pour exemple la Belgique, royaume mitoyen de la France qui porte, depuis son indépendance en 1830, les germes d’une implosion communautariste. J’invite donc mon auditeur à imaginer le pouvoir pris en Belgique par la communauté majoritaire des Flamands qui déciderait, pouvoir pris, l’interdiction de l’usage de la langue française aux quatre millions de Wallons. Bien évidemment la communauté wallonne, attachée à la culture française, résisterait et s’organiserait certainement pour refuser cela. Imaginons donc, à l’instar du gouvernement ukrainien, que le gouvernement flamand décide de contraindre par la force les Wallons. Que ferait la France ? Qui parmi les Français ne trouverait pas légitime de porter assistance à cette population belge francophone menacée ? Cette présentation peut paraître bien évidemment un peu simpliste mais elle présente l’avantage d’être beaucoup plus parlante que les manipulations médiatiques qui leur sont imposées.
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