Auteur de la rédaction « Méthode »
Au début des années 90, témoin direct de la chute d’un mur célèbre, sur lequel une main anonyme avait écrit « Nietzsche est mort, signé Dieu », Jean-Cyril VADI part vivre la vie d’un autre. Il entre en Pologne par la porte étroite, prend son temps à Varsovie pour jouer du rock dans un groupe hétéroclite de jeunes hommes désœuvrés, et pousse jusqu’à la baltique où l’on a, lui dit-on, besoin de lecteurs pour mettre en place des échanges entre universités.
Comme il a deux valises, l’une pleine de livres et l’autre de chemises, il parcourt le pays vêtu, et un dictionnaire à la main les premiers mois pour
qu’on ne mette pas des saucisses dans son panier alors qu’il avait terriblement besoin de savon. Il n'y a pas encore de self-service, et les relations s'en font sentir – on se cherche, on se parle. Les mois d’après, il fera sans dictionnaire, parcourant le pays avec une guitare, et malgré l’ivresse et la littérature, se souvient encore de tous ceux et toutes celles qu’il a rencontrés. Commençant à parler la langue de l’autre devenu presque sienne, il a besoin de mots et la musique ne le satisfait plus. Il la quitte pour le théâtre, comme on quitte une femme pour une autre. C’est toujours une mauvaise idée ce genre de rupture.
Il rentre en France, à la fin des années 90. Avec ce goût d’arrachement dans la bouche, un goût de terre, dont il ne sait plus très bien ce qu’il lui évoque, ni de quelle terre il s’agit. Mais il y a forcément un retour.
Suite à un exil dans la cellule sans barreau d’une prison sans parloir, au CNES de Villeneuve-lès-Avignon en 2007, il rassemble des acteurs, et fonde alors sa compagnie. Depuis, il a monté une dizaine de pièces de théâtre, parfois issu du répertoire classique (Shakespeare, Sophocle) parfois contemporain (Buffard, Tillette de Clermont-Tonnerre) et souvent des inédits ainsi que ses propres textes. Le dernier en date, Le syndrome de Stockholm a été sélectionné et lu au Haut-Parleur, à Paris, en juin 2016. Il intervient régulièrement dans les écoles de théâtre et les conservatoires, en France comme à l’étranger, et collabore étroitement avec Ania Stas, traductrice, afin de bâtir des ponts avec la Russie et le monde russophone.
Saisissez votre adresse mail dans l'espace ci-dessous : c'est gratuit et sans engagement