Dans la société de l’information 2.0 dans laquelle évolue notre société actuelle, j’ai en tant que professionnel de l’intelligence économique pris l’habitude de décrypter l’information et notamment lorsqu’il s’agit d’une véritable opération de « Guerre de l’information ».
Le scandale d’évasion fiscale à grande échelle, le désormais célèbre « Panama Papers » en est un bon exemple et une excellente base de réflexion.
Qu’en est-il tout d’abord de cette affaire ?
Début avril, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung relayé en France par le journal « Le Monde » et au Royaume-Uni par « The Guardian » annonce à grand renfort de communication télévisuelle le dévoilement d’une véritable bombe médiatique impliquant hommes politiques, hommes d’affaires et sportifs de haut niveau concernant un phénomène pourtant bien connu qui est celui de l’évasion fiscale via des sociétés off-shore hébergées au sein de paradis fiscaux, dont en l’espèce, le Panama.
Cette enquête d’une durée de 1 an, menée par 370 journalistes de 80 pays concerne plus de 11 millions de documents fournis au Consortium International des journalistes d’investigation (ICIJ) par un lanceur d’alerte dénommé John DOE (pseudonyme) après une « fuite » provenant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca.
Compte tenu des personnalités citées en premières pages des quotidiens et au cours des magazines télévisés, qu’aucune personnalité américaine de renom n’y figure, et, compte tenu également des tensions géopolitiques actuelles et des importantes échéances électorales à venir aux USA et en Europe, il apparaît à tout le moins judicieux de s’interroger sur l’opportunité temporelle d’un tel événement médiatique.
Sans mettre en doute la véracité des informations divulguées et la déontologie des journalistes, mon premier réflexe de professionnel soumis à une éthique qui est celle de ne travailler que depuis des sources blanches et légales, est de considérer cette « fuite » comme un vol de données, donc parfaitement illégale, répréhensible et non utilisable juridiquement. Nous sommes donc bien dans une opération de guerre de l’information dont l’unique but, faute de pouvoir poursuivre légalement les contrevenants présumés, est de mener une campagne de déstabilisation, en profitant de rappeler au passage que la création d’une société off-shore par tout un chacun est parfaitement légale dès l’instant où l’activité de la société est légale.
Partant de ce constat, mon deuxième réflexe est de savoir et comprendre comment un seul homme alias John DOE a pu obtenir et dérober des millions de pages, des milliards de données très précises remontant jusqu’à 50 ans avant même la création du cabinet Mossack Fonseca. Peu de services ou d’organisations au monde sont en réalité en capacité technique d’effectuer ce travail de collecte, par écoutes téléphoniques, filatures, espionnage ou extraction de données informatiques, et certainement pas un seul homme.
Le lanceur d’alerte apparaît donc comme celui qui a transmis les informations, mais en incapacité de les avoir collectées, on peut même se poser la question de l’existence même de cette personne.
Concernant le rôle du Consortium International des journalistes d’investigation, le dénommé ICIJ, qui est-il et qu’à t’il fait ?
L’ICIJ est une émanation de l’ONG « Center for Public Integrity » fondée en 1989 à Washington, son rôle a été de décrypter les informations, de les classer et de leurs donner une valeur ajoutée. On peut alors se demander comment 370 personnes, même en travaillant à temps complet sur l’affaire ont pu analyser 11 millions et demi de documents.
Réponse est faite grâce à l’utilisation d’un logiciel mis au point par une startup française et fonctionnant suivant le processus Neo4J, donc peu de doutes sur les aspects techniques de l’enquête.
En revanche, le financement de cet organisme même si il est transparent peut nous interpeller quand on retrouve entre autres dans la liste des généreux donateurs les ONG américaines USAID et l’OPEN SOCIETY FOUNDATION détenue par le milliardaire Georges SOROS, dont on retrouve la trace à l’origine de toutes les révolutions « colorées » depuis vingt ans y compris en Serbie avec le financement et la création du mouvement OPTOR via le NED, mais ceci sera l’objet d’un article ultérieur sur les révolutions qui ont secoué l’Europe orientale et Balkanique et les « printemps arabes ».
D’ailleurs aux dernières nouvelles publiées par le même Süddeutsche Zeitung en date du 12 avril, il s’avérerait que des agents de la CIA auraient ouvert également des comptes via le cabinet Mosseck Fonseca au travers de sociétés écrans… écrans ou leurres ? Là est encore une interrogation.
En conclusion, il est intéressant de constater que derrière toute opération médiatique de portée mondiale et par-delà la philanthropie annoncée, le décryptage de l’information révèle souvent des opérations d’influence de grande ampleur, armes principales de la guerre de l’information moderne.
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