Encore un texte sur de Gaulle, dira-t-on ? Oui, parce que l’Histoire ne bouge pas et que nous avons aujourd’hui le même ennemi qu’hier : les élites mondialisées, les bourgeois décoincés et leur modernité tapageuse qui, sous couleur de socialisme ou de libéralisme, se foutent du peuple et de la France.
De Gaulle le savait bien, lui qui ne cessait d’essuyer la haine de la presse et d’une énorme partie de nos élites bourgeoises. Faire vivre une certaine idée de la France est certainement plus difficile que de devenir une Amérique du pauvre.
Dans l’avènement de l’actuelle France soumise, les journalistes auront certainement joué un rôle fondamental. Voici comment de Gaulle commentait déjà la situation au regretté Alain Peyrefitte :
« Je vous supplie de ne pas traiter les journalistes avec trop de considération. Quand une difficulté surgit, il faut absolument que cette faune prenne le parti de l’étranger, contre le parti de la nation dont ils se prétendent pourtant les porte-parole. Impossible d’imaginer une pareille bassesse – et en même temps une pareille inconscience de la bassesse. »
Il se confie même avec peu d’aménité sur nos sacrés journalistes toujours aux ordres :
« Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer de dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe que abaissement de la nation. Déjà en 1940… »
Comme s’il avait lu Emmanuel Todd et ses propos sur les cathos zombies, le Général ajoute :
« La Révolution française n’a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais cette classe artificielle qu’est la bourgeoisie.
Cette classe qui s’est de plus en plus abâtardie, jusqu’à devenir traîtresse à son propre pays. »
Et il oppose en bon psychologue cette élite bâtarde au peuple demeuré sain :
« Bien entendu, le populo ne partage pas du tout ce sentiment. Le populo a des réflexes sains. Le populo sent où est l’intérêt du pays. Il ne s’y trompe pas souvent. »
Ensuite il résume la situation et présente les deux bourgeoisies, celle du fric et celle des idées. Aujourd’hui, elles ont bien fusionné :
« En réalité, il y a deux bourgeoisies.
La bourgeoise d’argent, celle qui lit Le Figaro,
et la bourgeoisie intellectuelle, qui lit Le Monde.
Les deux font la paire.
Elles s’entendent pour partager le pouvoir. »
Et il termine sans mâcher ses mots :
« Le jour où Le Figaro et L’Immonde me soutiendraient, je considérerais que c’est une catastrophe nationale ! »
Il aura peut-être manqué à de Gaulle (je le dis sincèrement) de s’allier au Parti communiste comme à la fin de l’Occupation allemande. Son projet diplomatique était révolutionnaire alors qu’il est resté trop conservateur à l’intérieur, son électorat demeurant gros-bourgeois ou, pire encore, petit-bourgeois.
Partager cette page