Les linguist.e.s et grammairien.ne.s rétrogrades considèrent les pronoms personnels, les désinences verbales/nominales et les déterminants comme des catégories syntaxiques « à inventaire fermé », ne pouvant pas incorporer de nouveaux éléments. Par exemple, les pronoms personnels du français sont les suivants: je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils, elles. Et c'est tout.e !
Il nous faut rompre avec cette fermeture normative, ce fascisme langagier qui exclut toute possibilité de parler/écrire-ensemble, qui rejette la différence et la nouveauté... En d'autres termes: les frontières de la syntaxe doivent être rompues !
Je propose que nous nous inspirions de quelques idiomes issus de la Diversité, afin d'enrichir la langue française et la rendre vraiment inclusive.
Le « .e. » suffixé est un premier pas mais la lutte contre le patriarcat n'est pas le seul combat à mener. N’oublions personne sur le chemin du Progrès !
Concernant les rapports nom/verbe, la langue tchétchène/ingouche nous apporte quelques pistes. Elle comporte 6 classes lexicales. Chaque verbe est augmenté d'un préfixe qui indique la classe lexicale du nom qui le conjugue. Ces classes lexicales sont construites selon des considérations sémantiques. Exemple :
« chien » : zhal (nom de la classe V : objets fluides, jours de la semaine, certains animaux… ; préfixe verbal associé : « D- »)
« fille » : yoa' (nom de la classe II : êtres humains féminins pubères ; préfixe verbal associé: « Y- »).
« beau/belle » : « khoz »
Ainsi :
« La fille est belle » : « Yoa' khoz Y-é ».
« Le chien est beau » : « Zhal khoz D-é ».
Sur ce modèle, en français.e vraiment inclusiv.e (©FVI.e), nous pourrions créer des classes lexicales précisant la qualité d’une personne. Par exemple, ajouter à chaque verbe un suffixe « .p » (« p » comme « Progrès »), afin d'indiquer qu'un.e tel.le est gentil.le et progressiste.
« La.e journaliste parle.p. » pour un.e journaliste suffisamment gentil.le et progressiste ;
« La.e journaliste parle.P. » avec un P majuscule, pour désigner un.e journaliste vraiment très gentil.le et progressiste !
Je suis d'avis que les pronoms personnels devraient également mettre en avant la spécificité ethnique/confessionnelle/de genre d'une personne. Chacun.e doit pouvoir être fièr.e de ce qu'il.ell.e est et le revendiquer lorsqu'il.ell.e s'exprime.
Le couple « je/tu » est bien trop restrictif, suranné.
Le.a japonais.e propose de nombreuses manières d'exprimer ces deux pronoms personnels, suivant le niveau de politesse employé, le genre du/de la locuteur.ice, l'âge et la position hiérarchique réciproqu.e des interlocuteur.ices, etc:
« Watashi », « atashi », « oré », « boku », « washi », « wagahai »...pour « je » ; « anata », « omaé », « kimi », « onushi »... pour « tu/vous (de politesse) ».
Inspirons-nous de ce système en français.e vraiment inclusiv.e (en ayant tout de même à l'esprit le caractère extrêmement nauséabond de la société japonaise, qui refuse de s’ouvrir au multiculturalisme) !
Les personnes racisées pourraient par exemple employer les pronoms personnels de leur langue « indigène », surtout lorsqu'elles s'adressent à des Souchien.ne.s raciseur.se.s. Un.e arabophone écrira :
« Ana regarde un.e journaliste.P à la télé. »
où « Ana » signifie « je » en arabe et, rappelons-le, le suffixe de classe lexicale « .P » met en avant le caractère très gentil et progressiste du/de la journaliste.
Concernant les temps verbaux, seuls le présent et le passé progressifs pourront être employés, afin de couper court à toute tentation de conjugaison verbale réactionnaire !
Allons plus loin: pourquoi se limiter à des phonèmes symbolisés par des lettres de l'alphabet ? C'est encore bien trop conservateur ! Rappelons que l’alphabet latin est issu des systèmes d’écriture employés par les Étrusques, les Grecs anciens et les Phéniciens, qui formaient des sociétés ultra-patriarcales proto-fascistes.
Si elles/ils le souhaitent, les personnes LGBTQAI.E.P+ (n'oubliez pas le suffixe .P, indiquant la gentillesse innée et le progressisme de ces personnes) pourraient tout à fait dessiner un arc-en-ciel à l'aide de crayons de couleurs, en lieu et place du stigmatisant « je » !
Les personnes zoophiles représenteront la gueule de leur animal.e favorit.e ;
Les personnes pédophiles gribouilleront une tétine.
Et ainsi de suite…Cette souplesse syntaxique devra être étendue à tous les groupes structurellement opprimés: les racisé.e.s, les musulman.e.s, les minorités sexuelles, les animal.e.aux.s, les robot.e.s humanoïd.e.s, les djihadist.e.s de retour de Syri.e, etc.
Quant à l'homme blanc cis-genre hétérosexuel: il a suffisamment parlé et écrit depuis que le monde est monde ! Coupons-lui donc la langue et les doigts: sa domination langagière cessera !
Sébastien.ne.P* Sénépart.e
PS : Étant moi-même un homme blanc cis-genre hétérosexuel, mon style d'écriture dans cette note n'est pas suffisamment inclusif. J'en ai conscience et je tiens à m'en excuser auprès des populationn.e.s que cela aura pu blesser.
Je ne suis pas raciste/sexiste/spéciste/LGBTQAI.E.P+ ophobe, etc. Je me sens moi-même victime des micro-agressions induites par les résidus de la vieille syntaxe nauséabonde du français. Je propose des pistes nous permettant d'avancer vers un Parler/Écrire-ensemble intégral: rejoignez-moi.e !
*Oui, je suis très gentil.le et progressiste.
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