Le 17 juillet 2014 le Boeing 777 MH 17 de la Malaysian Airlines disparaissait des écrans radars au-dessus de l’est de l’Ukraine. S’en suivirent de nombreuses réactions passionnées, suivies de conclusions d’experts en aviation civile et de commissions internationales… qui ne comprenaient pas toutes les nations impliquées, ont rendu ce dossier bien compliqué, au point qu’il en est difficile d’en avoir une vue d’ensemble, chacun finalement en restant à son ressenti initial et faisant instinctivement porter le blâme à ceux qu’il n’aime pas. Nous allons essayer d’apporter quelques éléments ponctuels d’éclaircissement à notre humble niveau.
C’est ainsi que certaines compagnies avaient choisi d’éviter le secteur du Donbass dans leurs plans de vol entre l’Europe et l’Asie notamment, faisant un crochet par le sud de la mer Noire, et que d’autres passaient tout droit… eh oui, de la distance en plus, et donc du carburant consommé. On sait que les trajets de ces avions de ligne peuvent parfois fortement varier, comme le savent les gens qui utilisent une ligne de long-courrier de façon régulière : c’est en général les vents que l’on cherche à optimiser sur le trajet (150 km/h de face ou qui au contraire vous poussent, la différence en temps et carburant sera énorme – une heure, voire plus sur de longs trajets) Des logiciels de navigation, et de prévisions météos , ont été développés depuis longtemps, et sont extrêmement fiables. Pour l’évitement des zones de conflit, là par contre on reste dans certaines compagnies au niveau de la classe de collège (on remarquera que la différence entre compagnies ne se fait pas nécessairement…disons par continents, ce serait trop facile) c’est ainsi que l’auteur de ces lignes a pu observer les éclatements d’obus dans les villes syriennes pendant de longs mois avant que l’on se décide à éviter le secteur, que le lendemain de l’offensive saoudienne au Yémen il survolait encore les montagnes de ce pays en se demandant si la leçon du Donbass avait été retenue (le transit dans la zone fut interdit le lendemain) et que plus récemment on lui proposait comme déroutement des terrains africains où les balles sifflaient encore…) Il semblerait donc que dans certaines compagnies l’évaluation de la menace soit le fait d’un bureau avec deux personnes et CNN sur le mur…) d’autres compagnies sont en liaison avec les ambassades, les services de renseignement de leur pays, les attachés militaires… ce qui ne les empêche de se tromper parfois : une grande compagnie européenne dérouta ainsi un avion de Beyrouth (où il n’y avait rien) vers Damas (où il y avait ce qu’on sait) au grand dam des passagers libanais du vol ! Et enfin certaines compagnies aimeraient récupérer la diffusion de ces informations de façon gratuite, oubliant quand même que tout a un prix, à commencer par le renseignement du temps de guerre : se soucier de la sécurité des passagers c’est bien, mais si quelqu’un peut le faire gratuitement pour vous, c’est encore mieux non ?
Sa 5
Et là on atteint une autre dimension du problème – c’est que même chez les spécialistes, les pilotes de combat ou les officiers de renseignement de quasiment toutes les forces aériennes, on n’a souvent qu’une connaissance fort imparfaite de tous ces systèmes de missiles, pour plusieurs raisons :
Une chose est sûre : les missiles ont depuis longtemps atteint un tel niveau de perfection, que l’on pourrait dire que la cuirasse a définitivement gagné sur l’obus (débat maritime du 19° siècle) La meilleure preuve en est que tous les avions de bombardement sont désormais équipés de missiles air-sol tirés à distance de sécurité – 20, 30 km voire plus) et ne pénètrent quasiment plus dans les volumes d’efficacité des missiles – ils les évitent faute de mieux, et les pertes se produisent lorsqu’on n’a pas repéré sur le terrain l’implantation d’une nouvelle batterie. Quant aux avions de transport lents et peu manœuvrables, c’est encore pire : les systèmes de leurrage qu’on leur installe à grand prix servent surtout à mettre les équipages en confiance, et à montrer qu’on a pensé à eux. Les pilotes de ce Boeing 777 n’avaient aucune chance face à ce qui a pu les frapper …
Fusée de proximité bien sûr, mais aussi optique de visée et télémètre laser, pour les lancements discrets – on détecte très bien d’un avion de chasse le passage en illumination du radar principal au sol.
Dans ses différentes versions, on le trouve dans de nombreux pays – et dans le cas du Donbass, certains changèrent de main – l’armée ukrainienne était plus que réticente à réprimer ses concitoyens dans ce qui aurait dû être au début une opération de police, au point qu’il fallut procéder à de sérieux renouvellements d’effectifs, à l’aide de milices venant des régions occidentales du pays…. ainsi que de nombreux mercenaires (baltes, géorgiens, voire polonais recrutés par on sait qui). Il y avait même de ces fameuses troupes spéciales des pays de l’OTAN, du genre SAS qui vous fait après coup des clins d’œil autour d’une bière en disant « oui, bien sûr on y était » et qui étaient bien au fait de la mise en œuvre d’armements perfectionnés, sans oublier les contractors américains.… Des soldats se firent surprendre à parler anglais, les vidéos existent et se retrouvent facilement. Des deux côtés, beaucoup savaient plus ou moins mettre en œuvre ces missiles, et encore plus dans le mode dégradé (encore une fois, dire que le missile doit être mis en œuvre en batterie constituée – poste de tir, radars de veille, de guidage – est une imposture ). Et on peut en toute bonne foi viser un avion … qui n’est pas le bon, ou alors en viser un autre et avoir celui qui passe à côté, ou encore tirer sciemment pour faire croire que… mais là on vous désigne de façon commode du terme de complotiste pour clore la discussion (comme quand vous traite de raciste, avez-vous remarqué ?)
Même chose pour le panache de fumée du tir qu’on aurait dû voir – j’en ai vu jadis, je peux dire que ça impressionne et que ça reste en l’air un certain temps, facilement 10 minutes. Ici dans ce qui nous est présenté… il faut bien s’écarquiller les yeux – et pareil enfin pour la fameuse « image satellitaire américaine » qui n’est rien d’autre qu’un croquis explicatif, et en aucun cas l’image qu’on attendait. Certaines sources manquent toujours – le radar était justement en réparation, l’autre était incomplet – on se demande comment travaillait le contrôleur ce jour-là s’il ne voyait rien.
Saura-t-on un jour ? D’autres guerres ont éclaté depuis, d’autres victimes ont endeuillé de nombreux pays, et d’autres avions ont disparu. Je n’ai pas la prétention en trois pages d’avoir répondu à ces questions, juste d’avoir éclairci certains points et donné des axes de réflexion. Puisse ce modeste article avoir fait réfléchir, et s’interroger quant à la circulation aérienne au-dessus des zones de conflit, jamais figées et où chacun essaie de s’en sortir du mieux qu’il peut, avec les armements qu’il peut récupérer – et ceci est vrai depuis l’aube de l’humanité.
V.G.
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