Il s’interroge sur le destin de son enfant terrible, la CIA. Et sans le vouloir il nous révèle (confesse ?) plus de choses que dix imaginatifs articles conspiratifs. Cochin et Tocqueville nous le disaient déjà (lisez mon livre sur Littérature et conspiration) : pourquoi en effet avoir recours aux conspirations quand il s’agit le plus souvent de pratiquer la théorie de la constatation dans les textes officiels ?
Le système est en effet sûr de lui et ne cesse de confesser ses crimes et ses erreurs, aimant se fier à notre distraction !
Et Truman regrette le détournement et la détérioration de la CIA (pour notre ami Ralph Raico, la CIA est dès le début « comiquement inepte », inspiratrice de coups pourris et des pires scénarios hollywoodiens –voyez et revoyez le génial film germano-américain Red avec Bruce Willis). Et cela donnait ceci : Truman rappelle que l’on avait besoin d’intelligence et d’informations pour mieux agir. Son efficacité, écrit-il avec pompe, dépend de la qualité de ses informations.
Or cette information, toute cette intelligence s’entasse et devient encombrante. Il y a tant d’agences et de sous-branches qui en collectent… Truman précise alors qu’il en résulte des conclusions conflictuelles. Cela le rappelle cet ordinateur qui pronostiquait la victoire au Vietnam pour 1965. On était en 1967. Le temps passe, surtout si on ne sait pas le remonter.
Conclusions conflictuelles, Mr le président ? Les uns prônent le bombardement les autres l’extermination ?
Enfin, une belle cerise sur le gâteau : l’ex-mandataire de la plus grande puissance du monde (et de tous les temps d’ailleurs) rappelle que l’on accumulerait des rapports orientés pour renforcer des décisions déjà prises (l’Irak et les ADM ; la Russie et ses invasions ; la Syrie et ses armements chimiques ; l’Iran et le terrorisme).
C’est à croire que les sévices secrets travaillent comme notre presse aux ordres. Comme les courtisans du roi nu d’Andersen ils s’aveuglent pour mieux servir les desiderata du nouveau pion élu ! Iran, prends garde.
On continue avec notre lyrique ex-président (un ex-président est souvent converti en clown, revoyez l’émouvant film Point Break). Il voulait une organisation spéciale pour synthétiser les rapports de toute source disponible. Truman voulait une information sûre et à l’état pur (natural raw) comme le pétrole Texan.
Comme on sait tout s’est bien terminé, une grande partie des anciens bureaucrates communistes ayant fait de leur pays une « plantation coloniale » (Eric Zuesse) pour les capitaux américains : Chine, Vietnam, la Russie sous Eltsine.
Je serai devenu bien d’accord avec la vieille propagande communiste et antiimpérialiste de l’époque : le capitalisme exploiteur, les fauteurs de guerre (war-monger), les monopoles, l’impérialisme yankee, tout cela ne me semble pas du tout un non-sens…
Après cette confession au Grand Architecte de cet Univers, le vœu pieux, toujours dans un anglais d’opérette : il faut restaurer la CIA dans ses objectifs originaux de bras de l’intelligence du président.
Tu parles comme ils t’ont écouté, Harry. Le soir-même l’article de l’ancien président était censuré partout. On le retrouve aujourd’hui, mais comme nous sommes peu à le lire, et peu à lire !
Une autre cerise sur le gâteau : nous avons grandi comme une nation respectée pour ses institutions libres et notre capacité à maintenir une société libre et ouverte (free and open society).
Open society, notre société ouverte ? On croyait que c’était Soros. Il faudra d’ailleurs qu’un jour j’explique ce que cela veut dire à la lumière de Bergson.
Terminons ; sur la Cia et l’intelligence, on oublie le pauvre Jean et on rappellera ces fortes paroles du bon Job : se retirer du mal, c’est l’intelligence.
N.B.
Bibliographie
Bergson – Les deux sources de la morale et de la religion
La Bible – Job, 28
Nicolas Bonnal – Littérature et conspiration ; les grands auteurs à l’âge des complots (Dualpha)
John T. Flynn – Forgotten lessons (Mises.org)
Ralph Raico – Great leaders, a libertarian rebuttal (Mises.org)
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