Le temps des Claude Léveillée, Gilles Vigneault, Jean Ferrat, Jacques Brel, Édith Piaf etc., une époque bien révolue, où les chanteurs et chanteuses du Québec et de la France nous chantaient encore, notre réalité. Naître dans la ouate, on ne peut chanter que des chansons ouatées, on ne deviendra jamais des Édith Piaf. La nation québécoise, dans sa majorité, s'est « enpetitbourgeoisée », avec les miettes que l'oligarchie financière a bien voulu lui laisser pour l'amadouer. Au lieu de s'élever sur les épaules des ancêtres qui ont construit le Québec, elle végète et rampe au ras des marguerites. Nous vivons dans une époque où les artistes n'ont plus rien qui correspond à notre réalité à nous raconter, ils ne servent qu'à nous divertir des vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés. Quand certains osent élever la voix et dénoncer les injustices criantes de ce monde, ils se font rentrer dedans par les cancres bien rémunérés de l'establishment. Le courage est une vertu qui manque cruellement à la communauté artistique du Québec. Les chanteurs québécois et les chanteuses québécoises sont occupés à sucer le phallus doré du grand capital plutôt qu'à nous chanter notre propre réalité, plus préoccupés sont-ils par l'avancement de la carrière et très soucieux de ne pas froisser les caïds de la presse « bien-pensante », de peur de se faire bannir des médias de masse, qui leur servent de tremplin pour faire leur promotion.
De la deuxième moitié du 19ème siècle à la première moitié du 20ème siècle, les écrivains et poètes, les savants et philosophes étaient reconnus du public et occupaient la première place de la scène. Aujourd'hui, ce sont les vedettes du sport, les humoristes, les acteurs et les chanteurs qui sont adulés du public. Pourtant, pour la plupart ils n'ont vraiment rien de très consistant à nous communiquer. Ils ont été instrumentalisés par l'oligarchie financière, malheureusement ils ne sont devenus que marchandises et sources de profit pour l'entreprise privée. Ce qui est pire, ils servent également de chloroforme pour endormir le peuple et le divertir de sa réalité concrète de tous les jours et de son exploitation.
L’art contemporain n’est ni art ni contemporain. Ce syntagme fait occuper la place de l’art tout court par le non-art. Une rhétorique habile est déployée pour présenter comme arriéré ou réactionnaire quiconque ne s’en laisse pas conter car les intérêts à ménager sont considérables.
Comment et pourquoi s’est accomplie cette résistible ascension de la barbarie ? Le joug que celle-ci exerce ne peut être secoué en murmurant dans notre coin que le roi est nu. Aucune nouveauté n’apparaîtra sans notre concours actif. Il faut réfuter le relativisme avant-gardiste en débusquant les sophismes subjectivistes, nominalistes, historicistes qui en constituent le soubassement. Ce discours justifie le n’importe quoi en invoquant l’impossibilité de dire ce qu’est l’art. Kostas Mavrakis en donne pourtant une définition qui englobe ses métamorphoses depuis le commencement du monde. Il établit à cette occasion qu’il n’y a pas d’art sans critique, ni de critique sans critères. Ainsi sont posées les pierres angulaires d’une esthétique générale et d’une esthétique picturale afin de frayer le chemin du renouveau.
On le voit, Kostas Mavrakis ne se limite pas à déplorer la maladie qui ronge et désarme notre civilisation, il en dégage les causes et en fournit les remèdes ou, du moins, les outils conceptuels nécessaires à leur recherche. S’il est vrai, comme le disait Dostoïevski, que le monde sera sauvé par la beauté, il importe aujourd’hui plus que jamais de s’engager pour l’art.
NOUS NE VOULONS PLUS DE BEAUTÉ SANS VÉRITÉ, tel devrait être notre guide dans la création artistique.
G.B.
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