Pour l’Occidental moderne, la vie en communauté constitue au mieux une expérience hippie, ou, au pire, est le fait d’un sombre groupuscule sectaire à tendance suicidaire. Coupés de notre Histoire, nous avons oublié qu’une culture profonde se développe toujours à partir d’un groupe de personnes dédié à un idéal commun. Les clans nourris d’un véritable esprit communautaire et fraternel nous apparaissent ainsi comme des foyers de renaissance culturelle pour l’Europe.
L’Antiquité nous a laissé la mémoire des cités libres et indépendantes. La communauté humaine, que l’on parle de cité ou de tribu, éduquait, protégeait, nourrissait et offrait une culture originale à partir de laquelle l’esprit pouvait se développer. Animée par la tradition polythéiste, gardienne d’une pluralité infinie de cultes et de tendances, l’Europe antique ne connaissait pas l’uniformisation culturelle. Ainsi, après la famille, la première société humaine naturelle était le clan. Prenons comme exemple les clans germaniques, composés de lignées familiales réunies autour d’un ancêtre mythique. La vie héroïque de cet ancêtre offrait un modèle, une ligne de conduite de vie à suivre dont découlait un code moral pour la société.
Le clan partageait ainsi une vision du monde particulière manifestée par une culture originale. Ce sont ces clans de Germains puis de Vikings qui, à plus grande échelle, régénérèrent une partie de la France depuis la Normandie, ou fondèrent la Russie à partir de Kiev (n’en déplaise aux Ukrainiens !).
Tout autour du bassin méditerranéen existait un florilège de cités indépendantes réunies dans des ensembles civilisationnels comme la Grèce, la Phénicie, l’Étrurie, etc. Ce monde décentralisé offrait ainsi une certaine liberté de créer des systèmes sociaux, culturels et spirituels originaux. De telles entreprises seraient immédiatement taxées de sectes ou de gouvernements terroristes par notre société moderne centralisée et bienpensante.
L’antiquité nous révèle un monde ou la tolérance n’était pas un concept vide, mais une réalité omniprésente et quotidienne.
Dans un autre registre, la philosophie grecque est née dans des communautés de vie et d’esprit tels que les orphistes, les pythagoriciens, les platoniciens, les cyniques, les théurgistes, les différentes Écoles des Mystères, etc. Cette philosophie s’exprimait d’abord par un mode de vie particulier où la frugalité et le végétarisme étaient courants. On se rassemblait ainsi par simplicité pratique, partageant le même mode vie qui manifestait la doctrine du groupe. On est bien loin du philosophe isolé dans son appartement parisien.
L’Europe des clans, des cités et des communautés était donc l’Europe de la diversité, avant que ne s’impose le grand empire hégémonique de Rome, le globalisateur de l’époque qui mit fin au règne des cités libres.
Mais l’Europe chrétienne qui succéda à cet empire fut elle aussi un florilège de clans et de communautés :
Le monde féodal était un ensemble de fiefs diversifiés, dirigés par des familles guerrières dont la vie de château était avant tout une vie communautaire où se côtoyaient les membres de la famille seigneuriale, les serviteurs, les officiers militaires, le chapelain, les troubadours qui passaient de châteaux en châteaux pour chanter leurs poèmes, etc.
Il est certain que la vie d’un châtelain du Moyen-Âge devait être bien plus proche de notre idéal communautaire que du quotidien bourgeois pavillonnaire.
Les monastères, ou les communautés comme celles des cathares d’Occitanie, furent quant à eux les véritables foyers culturels de la civilisation occidentale. Nous devons aux communautés monastiques de tous bords les savoirs architecturaux, littéraires ou musicaux qui connurent leurs apogées dans les cathédrales et l’art baroque. Sans le travail des moines, des confréries de bâtisseurs, ainsi que des ordres chevaleresques et initiatiques, l’Europe aurait réellement sombré dans un obscurantisme bestial, une jungle de singes roux aux yeux bleus.
Par le développement des arts et des sciences, ces différents types de communautés ont pu offrir une éducation aristocratique où ne prévalait pas uniquement la force physique, mais les vertus de noblesse et d’honneur. C’est grâce à ces foyers de vie fraternelle et de recherche spirituelle que l’Europe chrétienne a pu devenir pour un temps un soleil rayonnant de beauté et d’intelligence.
Il est évident que notre civilisation individualiste et matérialiste ne pourra jamais arriver au niveau de l’Europe des temples et des cathédrales. Elle s’en éloigne d’ailleurs toujours plus. La lumière d’une culture ne s’invente pas : elle provient de la flamme qui brûle dans les cœurs et se nourrit de l’amour que l’on offre à sa communauté. Sans esprit de fraternité, sans le sens d’une appartenance à une communauté réelle, il n’y a ni culture, ni spiritualité pour élever les hommes !
Les révolutions marchandes des XVIIIe et XIXe siècles mirent fin à l’ordre féodal, et le monde du marché et de l’individualisme lui succéda. Le règne de l’argent plaça la réussite et le bien-être matériel comme valeurs dominantes, effaçant ainsi l’importance que l’on pouvait donner à des valeurs supérieures à l’individu. Ces valeurs étaient les seules raisons assez fortes pour faire vivre les hommes de manière fraternelle et désintéressée.
C’est ainsi qu’on a atomisé la société : isolé, vulnérable, rendu inapte à la vie fraternelle et souffrant inconsciemment de cela, l’individu a été transformé en un consommateur en quête d’un bonheur qu’on lui promet à chaque instant par la consommation de biens et de personnes « sexuellement opérationnels ». Le citoyen est seul devant la république bancaire ! Une des premières lois votées après la Révolution française fut d’ailleurs la Loi Le Chapelier, qui mit fin aux corporations – guildes fraternelles qui protégeaient les travailleurs d’un même métier. Toutes structures collectives d’inspiration communautaire indépendante de l’État devaient être dissoutes pour isoler les individus en les enchaînant à la société marchande.
Le résultat de ces « progrès » est que l’Occident est aujourd’hui dépourvu de fraternités, de traditions et de vie authentiquement religieuse. Les familles elles-mêmes perdent leur raison d’être et se disloquent. Nés dans cet Occident, nous n’avons pas l’intention de lui sacrifier nos vies. Nous refusons de nous ouvrir les veines sur l’autel du dieu dollar. Nous voulons renouer avec l’esprit qui anima notre mère Europe avant que la banque et la technique ne croissent comme des cancers sur son corps meurtri. Par notre action, nous voulons recréer un cadre de vie sain, naturel, propice au développement d’une culture riche et d’une vie sociale fraternelle. C’est, à notre sens, la première démarche que les Occidentaux soucieux de leurs racines comme de leur avenir devraient entreprendre. La culture occidentale n’est plus qu’un fantôme qui hante notre architecture, nos églises et nos musées. Son esprit a disparu pour la simple raison qu’il est incompatible avec le système matérialiste dans lequel nous évoluons. L’Esprit ne pourra régénérer cette culture que dans des communautés développant une autre manière de vivre : des « foyers de vie européens » sains et dynamiques. Par culture, nous n’entendons pas qu’un folklore vestimentaire et gastronomique lors de fêtes annuelles... Nous parlons d’une manière de vivre. Pour être précis, une véritable culture est l’alliance d’une vision religieuse de la vie, d’une science et d’un art qui en découlent, ainsi que d’une méthode de transmission constituant une éducation.
Le seul moyen de s’extraire de l’onde moderne pour développer une culture authentique est donc de se rassembler pour développer une autre manière de vivre. En dehors de cela, il ne restera de la culture occidentale que des sous-produits mercantiles et sans esprit compatibles avec la civilisation technocratique en marche.
Certains diront : « Vous êtes pessimistes, ne vous inquiétez pas, l’Ordre mondial s’effondrera plus vite que vous ne le pensez ! » Peut-être. Mais dans ce cas comme dans l’autre, il nous est insupportable de nous adapter passivement à la décadence croissante, et il est criminel d’y livrer nos enfants dont nous sommes responsables devant les puissances de la Vie. Il faut donc commencer à construire pratiquement et dès maintenant d’autre modèles sociaux et culturels. Le plus tôt sera le mieux.
C’est ainsi que l’Esprit qui souffle sur ses enfants d’Occident nous pousse à combattre : créer pour l’avenir de nouvelles organisations fraternelles, accordées sur un haut niveau de conscience et d’intelligence. Se différenciant du courant culturel moderne, ces petites unités sont les germes du renouvellement. Même si ces organisations claniques ne sont dans un premier temps composées que de dix personnes, cela ne fait rien ! La qualité prévaut sur la quantité. N’oublions jamais qu’un simple gland peut donner un chêne immense si l’environnement lui offre les conditions propices pour libérer son potentiel énergétique. C’est le travail de pionniers plantant des graines pour que de nouveaux arbres apparaissent !
A.D.
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