Médias occidentaux. À quand la fin du journalisme embarqué ?
par Guy METTAN
La guerre en Afghanistan, mais surtout l'invasion et la destruction de l'Irak sous des prétextes mensongers et, depuis trois ans, les manigances des États-Unis et de l'Union européenne en Ukraine ont consacré le triomphe du journalisme embarqué: de Washington à Bruxelles, de Paris à Zurich, les médias dominants sont formatés et drillés pour réciter inlassablement le même discours : l'OTAN c'est le bien, la Russie c'est le mal. L'Europe, c'est la paix, la démocratie et la liberté, les autres, c'est la guerre, l'expansionnisme et l'oppression.
Partout, du New York Times à la NZZ, ce sont les mêmes experts stipendiés par des fondations conservatrices proches des lobbies militaires américains qui dispensent le même discours contre la Russie, la Chine, l'Iran et autres prétendues puissances non-démocratiques, alors qu'ils ménagent des amis aussi peu recommandables que la dictature médiévale saoudienne, qui asservit les femmes, condamne à mort les homosexuels et subventionne les mouvements terroristes sunnites que l'Occident bombarde par ailleurs en Syrie !
Sauf que, paradoxe inouï, il est aujourd'hui plus facile de se rendre en Tchétchénie ou en Crimée pour y réaliser un reportage auprès des populations indigènes qu'en Afghanistan pour y donner une autre vision que celle prédigérée par les professionnels de la communication des armées d'occupation! Cherchez l'erreur.
La petite syrienne sauvée par tout le monde…
Deuxième paradoxe, l'Europe voudrait créer une chaine d'info pour contrer la prétendue propagande russe de Russia Today. La belle affaire ! En quoi, un « ministère de la vérité » bruxellois pourrait-il se distinguer du discours dominant qui publie déjà à longueur de journée les communiqués officiels européens ou ukrainiens sans aucune distance critique? Et comment expliquer qu'aux États-Unis, pourtant peu suspects de sympathies poutiniennes, la chaine Russia Today soit la plus regardée des chaines étrangères ? N'est-ce pas parce que le public américain a besoin d'autres sons de cloche que la propagande de MM. Georges Soros et Bernard-Henri Lévy ?
Troisième paradoxe, comment expliquer le succès des médias russes en Russie même ? Comment expliquer que les Russes sont, pour depuis des mois, à 80 % derrière leur président ? Sont-ils assez masochistes pour soutenir un président « dictateur » qui les maltraiterait ? Seraient-ils si arriérés qu'ils ne pourraient pas faire la distinction entre information et propagande alors qu'ils ont librement accès aux médias occidentaux et voyagent par millions à travers le monde ? Laisser entendre de telles inepties relève de l'arrogance et de la mauvaise foi la plus crasse.
Je suis un partisan de l'Europe et espère vivement que la Suisse pourra résoudre ses problèmes avec Bruxelles, mais je suis sidéré par la légèreté des technocrates européens et cette façon indigne qu'ils ont de considérer un journalisme qui ne trouve grâce à leurs yeux que lorsqu'il relaie leurs propres préjugés et leurs seules opinions.
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