Novembre 1885, les nations du vieux continent se réunissent autour d’une table pour décider du sort et du partage de l’Afrique. Près d’un siècle plus tard, d’autres États se rencontrent aussi à leur tour pour décider de la restitution des pays africains à ses véritables fils, comme pour montrer que le respect et la dignité ne se demandent pas mais s’arrachent.
On pourrait croire à un scénario imaginé par un quelconque écrivain, mais c’est bien une page de l’histoire qui a été vécue et rempli d’aventures, d’actions et de drames.
Comme avait dit Winston Churchill : « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur ». Bien que ces paroles aient été prononcées pour les Britanniques lors de leur engagement dans la Seconde guerre mondiale, c’est aussi à ce prix que les terres de l’Afrique ont été restituées à ses dignes fils.
Le 15 Novembre 1885, les pays européens, pas tous bien sûr mais uniquement ceux ayant une influence au sein du continent durant cette époque, se réunissent à Berlin, capitale de l’Empire allemand à l’époque et actuelle capitale de la République Fédérale d’Allemagne, pour décider du partage de l’Afrique. A l’issue de cette conférence, bien connue sous le nom de « Conférence de Berlin », il en a été décidé des règles de la colonisation en Afrique. Pendant plusieurs décennies, les différents empires et royaumes qui ont marqués le continent africain par leurs histoires et conquêtes se sont vue diriger, contrôler, guider par des puissances européennes.
Bismarck se pose en médiateur de la crise, profitant de l'occasion pour affirmer un peu plus le rôle central de l'Allemagne dans le concert des nations. Quatorze puissances participent aux débats.
Deux conceptions s'opposent. D'un côté, Bismarck entend garantir la liberté de navigation et de commerce dans toute la zone. De l'autre, le Portugal, soutenu par le président du Conseil français Jules Ferry, conçoit les colonies comme un monopole commercial détenu par la métropole. Finalement, la conférence établit une liberté de commerce étendue dans les bassins du Congo et du Niger, mis à part dans le domaine du transport d'armes.
Les frontières du nouvel État sont fixées : au total, Léopold II de Belgique reçoit, à titre personnel, deux millions et demi de kilomètres carrés qui deviendront plus tard l'État indépendant du Congo6. Au nord-ouest de l'État ainsi formé, 500 000 km2 reviennent à la France (bientôt baptisé Congo-Brazzaville). La France se voit aussi attribuer la partie intérieure du Niger dont le Royaume-Uni contrôle le delta. Du côté allemand, on espère que les concessions territoriales faites à la France atténueront le ressentiment né de la perte de l'Alsace-Lorraine à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870. Le Portugal abandonne ses prétentions au nord de l'estuaire du Congo, sauf en ce qui concerne l'enclave de Cabinda.
Mais ce contrôle ou cette colonisation ne pourra être éternel. Ainsi, plusieurs mouvements de révolte et/ou d’indépendance ont commencé à naitre au fur et à mesure que les années passées.
Mais c’est le 18 Avril 1955, à Bandung, en Indonésie, qu’a eu lieu un événement unique en son genre. Il s’agit d’une rencontre de plusieurs Nations, pour la plupart des colonies européennes. Le pire dans tout ça c’est que c’était durant une période compliquée du XXème siècle, celle de la Guerre Froide. Et étant donné que ces pays colonisés ne pouvaient pas prendre part directement ou indirectement à ce conflit, ne pouvaient et ne voulaient pas s’associer à ceux du Bloc de l’Est et ceux de l’Ouest ils ont décidé alors de créer leur propre clan, celui des pays neutres.
Rappelons que tous les pays présents à la conférence de Bandung n’étaient pas seulement africains et colonisés, il y avait aussi des pays ayant déjà acquis leur indépendance et d’autres pays asiatiques. C’est même à l’initiative de ces deux derniers que cette conférence a été convoquée afin de se battre pour que les autres pays vivants encore sous le joug colonial puissent accéder à leur souveraineté nationale et territoriale.
Le communiqué final de la conférence de Bandung, inspiré par l'Indien Nehru, est marqué par le neutralisme et les principes de la coexistence pacifique mais peine à déterminer une ligne commune face aux « Grands » : aux non-engagés (Inde et Égypte), s'opposent, d'un côté, les pro-occidentaux, les pays du pacte de Bagdad, de l'OTAN ou de l'OTASE (Irak, Iran, Japon, Pakistan, Philippines et Turquie), et de l'autre, les pays ayant adopté le régime communiste (la Chine communiste et République populaire du Viêt Nam).
Outre le fait que la conférence de Bandung marque l'entrée du Tiers monde sur la scène internationale, la conférence a condamné la colonisation et l'impérialisme en général, et en particulier l'apartheid en Afrique du Sud, et la France qui est la première puissance coloniale en Afrique. Les pays signataires appellent les pays encore colonisés à lutter pour leur indépendance mais la solution pacifique et la recherche de la négociation doivent être préférées. Ils rappellent également leur volonté de ne pas appartenir à l'un ou l'autre des deux blocs en pleine guerre froide opposant les États-Unis et le bloc soviétique.
La conférence a contribué à l'accélération du processus de « décolonisation » et à l'émergence d'un nouveau groupe de pays qui feront partie du « tiers-monde » entre le bloc communiste et le bloc occidental. Dans la continuité, la conférence de Belgrade qui réunira certains de ces pays en 1961, posera les bases du mouvement des non-alignés. Cependant la conférence a mis en lumière les divisions existantes entre les pays plutôt proches d'un des deux blocs ou préférant le non-alignement. Le « non-alignement » est la position de certains États qui refusent de se ranger dans l'un ou l'autre des deux blocs, celui de l'Ouest ou celui de l'Est.
Du partage à la restitution de l’Afrique, Bandung a été un grand tournant pour l’histoire de l’Afrique, parce que c’est en grande partie aussi grâce aux idéologies acquises lors de cette conférence que les leaders des mouvements d’indépendances des pays africains colonisés ont pu offrir à leurs peuples la liberté tant recherchée et voulue.
C’est à Bandung, en Indonésie, très loin de l’Allemagne, que cette renaissance de retour à la source et de restitution a été engendrée.
A.P.
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