FÉVRIER 2018

Les États-Unis continuent à bombarder les alliés de l’armée syrienne

par Karine BECHET-GOLOVKO


Alors que la légitimité de la présence militaire des Etats-Unis en Syrie est plus que sujette à question, l'armée américaine vient de bombarder encore une fois des forces pro-syriennes, luttant contre les poches de terroristes restantes sur le sol de leur pays. La Russie a qualifié cela de « crime ». 
Et il est certain que ce ne sera pas le dernier : le conflit syrien étant un conflit périphérique et non primaire.
Dans la nuit du 7 au 8 février, les forces américaines dans la région de Deir-Ezzor, encore une fois, ont attaqué des forces loyales qui luttaient sur place contre les terroristes. Mais il se trouvait que ces terroristes étaient « modérés », c'est-à-dire soutenus par la coalition américaine. Même si les vidéos diffusées font dire aux spécialistes qu'ils sont liés à l'état islamique et que ces groupuscules ont attaqués les forces loyales lors de leur mission de reconnaissance.
Ayant vu un mouvement de forces armées pouvant mettre en péril leur groupe terroriste, surtout que le sous-sol de la région est très riche, les Etats-Unis affirment avoir frappé « pour se défendre ». Quelle est la légitimité de la coalition américaine à se trouver sur le territoire syrien ? Cela reste une énigme, qui sort totalement du champ juridique.
Pour se dédouaner encore, ils déclarent avoir informé la Russie de leur intervention, qui a fait une centaine de morts selon les Américains et 25 selon les Syriens, afin d'éviter tout incident entre les deux pays :
« Coalition officials alerted Russian officials of the SDF presence in Khusham via the de-confliction line well in advance of the PRF attack, » the statement said. « Coalition officials were in regular communication with Russian counterparts before, during and after the thwarted PRF attack. Russian officials assured Coalition officials they would not engage Coalition forces in the vicinity. »
De cette manière, la coalition américaine tente de faire comprendre que la Russie aurait donné son aval à ce que des forces régulières se fassent bombarder. La réaction de la Russie laisse entendre qu'elle n'a pas donné son accord à ce type d'agression. Vitaly Nebenzia, le porte-parole russe à l'ONU a qualifié de criminel le fait d'attaquer ceux qui se battent contre le terrorisme.
Il semblerait que les Etats-Unis ne fassent même plus semblant de lutter contre le terrorisme, ils avouent ainsi lutter directement contre Assad et travailler au découpage du pays. Ce que soupçonnait déjà le ministre russe des Affaires étrangères, S. Lavrov, avant ces frappes :
La veille, le 6 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait estimé que les Etats-Unis avaient probablement pour ambition de diviser la Syrie. « Ils ont tout simplement renoncé à leurs déclarations selon lesquelles leur présence en Syrie […] était destinée à vaincre l’Etat islamique et les terroristes. Maintenant, ils affirment qu'ils y maintiendront leur présence, jusqu'à ce qu'ils s'assurent qu'un processus stable de règlement politique en Syrie commence, en vue d'un changement de régime politique ».
Le conflit en Syrie ne prendra pas fin avec la désagrégation de l'état islamique. En plus des Etats-Unis, Israël continue à utiliser cet espace dans son conflit contre l'Iran, en bombardant les positions iraniennes en Syrie, qui luttent contre le terrorisme, annonçant des représailles en raison d'un drone. Le système de défense aérien syrien a joué et leurs attaques furent détournées, un avion israélien descendu.
Le problème du conflit syrien est qu'il n'est pas un conflit primaire, c'est-à-dire un conflit "en soi". Il est le résultat d'un jeu géopolitique et se trouve au centre d'une confrontation d'intérêts. Il ne pourra donc réellement prendre fin que lorsque sera résolu le jeu en cours dans lequel il est parti, à la fois général (entre les Etats-Unis et la Russie) et entre les acteurs locaux.

K. B-G.

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