AVRIL - MAI 2020

Covid-19 : histoire d’une catastrophe annoncée

par François GODEAU


« Civilisations die from suicide not by murder  »
  « Les civilisations meurent toujours par suicide, jamais par assassinat »
   Arnold J. TOYNBEE

L’existence de l’épidémie de COVID-19 due au nouveau virus SARS-CoV-2 sévissant en Chine n’a été révélée que le 14 décembre 2019. Elle prit naissance dans la ville de Wuhan où coexistent un laboratoire P4 de haute sécurité dédié à la manipulation de virus dangereux et fourni par la France en 2017 et un marché aux poissons et à bien d’autres espèces animales. Après une dissimulation coupable ayant duré des semaines au moins du Parti Communiste Chinois, elle y a cumulé 82.000 cas dont 4.000 mortels. Grâce au redressement autoritaire mais néanmoins remarquable opéré par les dirigeants chinois, l’épidémie semble aujourd’hui en voie d’être maîtrisée en un mois puisque l’on n’y a observé, ce jour, aucun cas nouveau ! À telle enseigne que le très prudent et très informé président chinois Xi Jinping s’est récemment risqué à visiter la ville de Wuhan ce qu’il n’avait jamais ni osé ni jugé nécessaire de faire auparavant ! Notons que la Corée du Sud, le Japon et la Malaisie, pays d’Extrême-Orient les premiers et les plus intensément touchés après la Chine, maîtrisent eux aussi l’épidémie grâce à des méthodes plus douces mais tout aussi efficaces que l’on peut résumer ainsi :
1 – Dépistage moléculaire massif et systématique
2 – Recherche, identification et suivi des sujets contacts
3 – Isolement strict et quarantaine des sujets positifs seuls
4 – Restriction des regroupements
5 – Prophylaxie par port de masques et de gants et hygiène des mains
6 – Suivi renforcé et traitement de ces malades

Malgré la prudence coupable de l’OMS à prononcer le terme de pandémie, le virus s’est propagé rapidement dans 165 autres pays confirmant par là même sa très grande contagiosité avec un R0 situé entre trois et cinq en moyenne. Cette maladie a déjà fait plus de 8.000 victimes sur les 200.000 cas confirmés. Sans tenir compte d’une vraisemblable sous-estimation du nombre de cas (variable selon les pays et leurs mesures de dépistage propres), le « CFR » ou « Case Fatality Rate » qui mesure la mortalité d’une maladie est estimé être >1% ce qui classe la COVID-19 comme une affection au moins dix fois plus mortelle que la grippe saisonnière.
Malgré ces données alarmantes connues depuis au moins deux mois, l’Europe, qui est sur le point de dépasser la Chine avec ses 75.000 cas recensés, fait actuellement figure de dernier de la classe. Devenue actuellement l’épicentre de la pandémie, elle a fait preuve depuis le début d’un manque élémentaire de prudence, d’une absence totale de réactivité, d’anticipation et plus grave encore, de pro-activité.  Persuadée sans doute d’être protégée par les frontières « inviolables » de l’espace Schengen, ligne Maginot de temps modernes, et pourtant perméables aux migrations, elle s’est arc-boutée de façon coupable contre la fermeture de ses frontières.
Se refusant obstinément à violer les principes de libre circulation des personnes, un des piliers intangibles de la religion des droits de l’homme, elle n’a que récemment consenti à fermer quelques frontières parfois de manière polarisée !
Proclamant que les frontières n’empêchent le passage des virus elle oublia que ceux-ci ne le font que dissimulés à l’intérieur du Cheval de Troie que constitue le voyageur qui en est porteur ! « Timeo Danaus et dona ferentes » chantait Virgile.
Ils les ont laissé entrer sans même tenter un dépistage sommaire à l’aide d’un thermomètre infra-rouge ! Sans parler des « migrants » de toutes origines lâchés par Erdogan et tentant de franchir par la force les frontières de l’Europe.
L’Italie, qui fut la première à sortir de son sommeil pour être plongée dans le cauchemar, est le pays le plus touché avec plus de 35.000 cas dont plus de plus de 3.000 mortels dépassant maintenant les pertes chinoises. Elle vient de prendre des mesures de confinement total mais la situation hospitalière y est gravissime. Elle est suivie de près par l’Iran avec le chiffre certainement sous-estimé de 12.000 cas. Le niveau suboptimal du système 3 sanitaire suscite des inquiétudes quant à l’évolution de la pandémie dans cette région du monde.
L’Espagne suit de très près ayant rattrapé à toute vitesse, le « retard » qu’elle semblait avoir, sans doute faute de dépistage, il y a une semaine encore. La France, qui arrive en sixième position exæquo avec les USA, compte déjà 9.000 cas dont 250 mortels. Dans le reste du monde occidental, les autorités de santé ont fait preuve du même manque de pro-activité, seule susceptible d’enrayer l’extension de la pandémie. Trump vient de fermer les portes des États Unis aux voyageurs d’Europe occidentale considérée à juste titre comme incapables d’y maîtriser la propagation du virus même si son pays n’est guère en meilleure posture. L’extension de la pandémie au continent africain n’est plus qu’une question de semaines et l’arrivée de l’hiver austral laisse prévoir des conséquences probablement redoutables. Dans le monde Occidental et plus particulièrement de l’Europe, l’épidémie monte toujours en puissance. Nul ne peut dire quand le pic sera atteint et les pertes tant humaines qu’économiques s’annoncent déjà très supérieures à celles qui auront été enregistrées en Asie. Le différentiel d’efficacité entre l’Orient et l’Occident dans la gestion de cette crise est évident. Bien sûr, l’Occident acceptera difficilement ce constat peu glorieux et essayera de minimiser ce différentiel.
De la part des autorités françaises les erreurs se sont accumulées sur tous les plans. Absence de fermeture des frontières qui aurait été moins coûteuse que la mise à l’arrêt du pays pour quinze jours au moins, absence de prévision en moyens prophylactiques (masques gants, gels…, absence d’anticipation des besoins médicaux (lits de réanimation, appareil de respiration artificielle…), sous équipement non compensé en moyens diagnostiques (appareils à PCR), raison inavouée d’un dépistage pathétiquement et fautivement insuffisant, freinage coupable des essais cliniques pourtant prometteurs des antipaludéens de synthèse. Un seul essai positif ne comportant, hélas, que 24 patients traités pourtant avec succès !
N’ayant pas su réagir à temps elle est contrainte d’adopter, in fine, les méthodes de confinements accompagnées d’une coercition mise en œuvre par des forces de l’ordre dépourvues de masques, de gants et qui risquent, par leurs contrôles, de favoriser la dissémination du virus à elles-mêmes et au public plutôt que de la contenir.
L’occident va payer ces atermoiements au prix fort tant sur le plan humain qu’au plan économique. Entrée la première dans la crise, la Chine en sortira la première, «avec un temps d’avance», peut être considérable, sur des Occidentaux toujours empêtrés dans la gestion de la pandémie. La planche à billets utilisée au-delà de ses capacités (et du raisonnable) ne pourra plus sauver éternellement un Occident en crise.

F.G.

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