OCTOBRE-NOVEMBRE 2019

Pourquoi l’agriculture intensive et les OGM sont inadaptés et dangereux pour le climat et nourrie le monde

par Gilles-Éric SERALINI


107 scientifiques de 52 pays, qui ont consulté une centaine d’autres experts en plus, mais aussi 7.000 études et environ 30.000 commentaires, viennent de rendre un rapport sur les liens entre climat et alimentation en ce début août 2019. C’est la plus grande association internationale pluridisciplinaire de scientifiques sur un sujet crucial, le GIEC, qui traite de manière très complète ce sujet pour les gouvernements du monde. Ils pointent du doigt l’agriculture intensive, la désertification, le gaspillage de près d’un tiers de la production alimentaire mondiale, alors que la moitié de cette population est sous-nourrie, mal ou trop nourrie, développant de très nombreuses maladies chroniques.
L’agriculture intensive est responsable de 30 % des gaz à effet de serre qui perturbent le climat, selon eux, lequel réduit aussi les terres arables et la biodiversité.
Cette pléthore de pétrole dépensé grâce à des subventions nous détruit pour gaver des camps de concentration de cochons, vaches et poulets comme nous l’avons déjà expliqué en 2014 avec Jérôme Douzelet dans « Poisons cachés ou Plaisirs cuisinés » (chez Actes Sud). 10 kCal de pétrole pour 1 kCal mangée d’agriculture à pesticides ! C’est le cas des OGM agricoles qui surconsomment aussi des pesticides, comme le soja OGM au Roundup, principale plante transgénique du monde qui désertifie notamment l’Amérique du Sud, essentiellement pour faire grossir notre mauvaise viande d’animaux en souffrance majeure dans leurs exploitations énormes.
Pourtant, fin juillet 2019, les gouvernements de l’Union Européenne ont permis l’autorisation à la consommation de neuf OGM dont sept nouveaux : Bayer et Monsanto, les perdants des tribunaux montrant les cancers liés à leur produit Roundup, mais aussi Syngenta et DuPont sont redevenus grâce aux aides politiques les grands gagnants de ces autorisations qui n’ont aucune justification scientifique sanitaire sérieuse, et même malhonnête (voir article sur Steinberg et col. sur ce site1).
Ces OGM contiennent – à eux tous – 16 nouveaux insecticides modifiés, des toxines qu’ils fabriquent directement dans la plante consommée, et surtout 8 d’entre eux absorbent beaucoup les herbicides phares de Bayer et Monsanto à base de glufosinate ou glyphosate, dont les fameux Roundup aux noms divers. Que vaut une politique destructrice malgré les avertissements qui se multiplient ? Il faut changer de cap, et vite, c’est la conclusion générale. Il y a des solutions : l’agroécologie et la permaculture qui pourraient nourrir 12 milliards d’individus de manière saine, comme des rapports internationaux l’ont souligné.

Pr. G-E. S.

1 Retrouvez les analyses et articles du Professeur SERALINI sur son site :
http://www.seralini.fr

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